
tout mon monde de montrer un front calme
et serein.
Combien j’étois impatient de recevoir ces
députés, et d’apprendre de leurs propres
bouches ce que je pouvois oser sans péril
pour eux et pour moi ! cependant je ne voulus
point aller à leur rencontre, ni quitter
mon petit arsenal, que je n’eusse entendu
ces voyageurs. Lorsque les Caffres se virent
à portée de la sagaye, ils s’arrêtèrent tous ;
et Hans, se détachant de la troupe, vint
droit à moi ; il m’apprit en quatre mots que
j’étois libre de voyager dans la Caffrerie;
que je n’avois aucun risque à courir; que j’y
serois respecté comme un ami ; que la na-»
tion qu’il quittoit ne pouvoit trop m’inviter
à ne pas différer plus long-temps, et qu’elle
me verroit avec plaisir ; que je pouvois juger
do l’intention générale par la confiance
qu’ils me témoignoient eux-mêmes, et la
liberté qu’avoient prise plusieurs d’entr’eux
de venir me visiter ; qu’ils m’offroient toute
leur amitié, et me demandoientla mienne;
qu’en un mot ils s’étoient mis en route dans
l ’assurance qu’on leur avoit donnée que je
les recevrois bien.
Quant au retard qui nous avoit causé tant
d’alarmes, Hans m’apprenoit qu’arrivé chez
les Caffres, il n’avoit pu rencontrer le roi
Pharoo, quis’étoit retiré à trente lieues plus
loin de l ’endroit de sa résidence; qu’âprès
s etre arrêté quelque temps , dans l ’espérance
de le voir revenir, et chagrin de ne
pas remplir plus heureusement sa mission,
il avoit résolu de l ’aller joindre ; mais qu’il
avoit appris d’une nouvelle horde que ce
chef étoit encore reparti, et qu’on ignoroit
la route qu’il tiendroit et le temps de son
absence ; les uns le croyoient vers les colonies,
d autres chez les Tctnzboucikis t nation
J limitrophe de la Caffrerie, où l ’on trouvoit j à négocier du fer et des armes. XL ajoutoit
I enfin q u e , dans 1 impossibilité de remplir
I mes ordres et ne sachant quel parti pren-
I dre, il avoit préféré de revenir vers moi
I et de me ramener mes deux Hottentots; mais
I que, sur le récit avantageux qu’il avoit fait
I aux Caffres de mon caractère et de mes dispositions
pacifiques, plusieurs s’étoient offerts
d’eux-mêmes â l’accompagner, et à
Tenir à leur tour en députation chez m o i,
pour m’assurer de la bienveillance générale
du pays, qui , bien convaincu que je ne
pouvois pas être un colon , me recevroit
s