constance exige une explication, et je rii’y
prete avec un nouveau plaisir ; carie souvenir
de cës petits, mais délicieux moyens
par lesquels je savois varier mes loisirs, et
me faire, dans un désert inhabitable, du
plus simple objet un objet de plaisanterie et
d amusement, annonce une grande tranq.uih
lité , et fait qu’au sein même des arts et de
toutes les agitations de l ’amoürqpropre, je
me cherche souvent, etgémis de ne mepoint
reconnoître. :
En partant du Cap, j ’avois négligé de
prendre un almanach; cependant, afin, de
pouvoir compter sur quelque chose, et que
mon Journal fût exact, j ’avois fixé tous les
mois à trente jours. Comme je n’en passois
jamais un sans me rendre compte, il m’étoit
assez indifférent de distinguer les semaines,
et de connoitre chaque jour par son nom j
mais j etois convenu de distribuer à mes
Hottentots leurs rations de tabac tous les
samedis. S’il arrivoit qu e , ne voulant pas
me donner la peine%de consulter mon livre,
je leur demandasse le jour que nous tenions,
j aurois fait d’avance la réponse • suivant
letir. calcul, c etoit samedi : de telle sorte
qu en compulsant mon registre, après quinze
mois de v o y a g e j ’ai trouvé sept ou huit de
I ces samedis qui n’avoient, point de semaine.
Je me vis donc, comme par le passé, en-
I touré de ma nombreuse famille ; e t , tandis
* que tout fumoit sa pipe près d’un grand feu ,'
jusqu’aux femmes Gonaquoises, et. que chacun
savourait sa double ration d’eau-de-
vie, je reprenois avec plaisir le régime de la
crème et du thé., A ‘ * -
Je parlai le lendemain de la route que
je comptois tenir,, chacun en étoit déjà informé
; je n’essuyai pas autant de remontrances
et d’objections que je m’y étois attendu*;
je sentois que mon voyage touchoit
à son terme, et que tout ce monde, épuisé de
fatigues, trouvoit. bons tous les chemins qui
parois soient nous rapprocher du Cap ■* cependant
le passage par les Sneuw-Bergeii,
(Montagnes de Neige ) , vrai repaire des
Bossismans, faisoit trembler plus d’un de
mes braveSi. Je fixai ce départ à la huitaine,
afin d’avoir le temps de réparer nos voitures,
faire une nouvelle charpente pour la tente
de la mienne ,. en doubler lu toile avec des
nattes fraîches, remplacer les vieux, traits
avec des peaux de buffles tués pendant mon
absence, enfin couler des.balles, et du petit