naisons de son génie, de rien faire, avec les
deux seuls instrument dont je Tiens de parler,
qui approchât de ce que font ces sauvages.
Ceux auprès de qui je xne trou vois actuellement,
étoient réunis autour d’un grand
feu au pied d’une colline graniteuse ; ils reti-
roient du brasier une barre de fer ~'aéssez
grosse et profondément rougie ; ils la posèrent
sur une enclume, et se mirent à la
battre avec des pierres fort dures , et de la
forme la plus favorable et la plus aisée à
saisir ; ils s’y prenoient fort »adroitement :
mais ce fut leur soufflet qui me parut bièn
extraordinaire, et qui fournit sur-le-champ
une belle occasion de- leur donner sur ce
mécanisme utile des notions qui leur auront
été-bien profitables, s’ils ont su les mettre
en oeuvre ! Leur soufflet étoit donc un meuble
bien misérable ^ il étoit fait d’une peau
de mouton soigneusement vidée par une légère
incision et bien recousue. Les parties de
l ’origine des quatre pattes qu’ils avoient retranchées
comme inutiles et même embarrassantes,
étoient nouées. Ils avoient également
tranché la tête, et substitué en place
un bout de canon, autour duquel ils avoient
ramassé et fortement attaché la peau du cou.
Le souffleur présentant d’une main ce canon
au foyer, éloignoit etrapprochoit avec l’autre
main l’extrémité de cette peau ; cette
méthode fatigante ne donnoit pas toujours
assez d’activité au feu pour faire rougir le
fer ; mais n’en sachant pas davantage, ces
pauvres cyclopts ne se rebutoient point ;
j’avois pitié d’eu x , et le mal que je les voyois
se donner, doubla le plaisir que je me pro-
mettois de leur indiquer sur-le-champ un
moyen plus facile. J’avois beaucoup dé peine
à leur faire comprendre combien étoit supérieure
à leur invention celle des soufflets de
nos forgerons d’Europe f persuadé que le
peu qu’ils saisissoient de ma démonstration
s’échapperoit bientôt de leur mémoire, et
ne leur seroit d’aucun profit, je résolus de
joindre l’exemple à la leçon , et de les faire
opérer devant moi. Je dépêchai un des miens
à mon camp, et lui dis de m’apporter deux
fonds de caisse, un morceau de kros d’été ;
un cercle, des petits d o u x , marteaux , scie
et tous les outils dont j’avois besoin : avec
tout cela, lorsque mon homme fut de retour,
je leur composai à la hâte, et fort
grossièrement, un soufflet qui n’étoit guère