pauvre b ête, dont le ventre se réduit à plus
de moitié de son volume ordinaire, endurer
ée supplice et marcher tranquillement. Souvent
aussi le boeuf sert de monture au Hot-
tentot qui ne connoît point le cheval, e t ,
dans les colonies même, les habitans s’en
servent quelquefois. Le mouvement du boeuf
est très-doux, sur-tout quand il trotte, et
j ’en ai v u qui, dressés particulièrement à
l ’équitation, ne le cédoient point pour la
vitesse au cheval le plus leste.
L ’action de traire les brebis et les vaches
appartient aux femmes • comme on ne les
tourmente jamais, elles sont d’une docilité
surprenante : il n’est point nécessaire de les
attacher. I l faut observer qu’en Afrique une
vache ne donne plus de lait lorsque, par le
sevrage ou la mort, elle est privée de son
veau ; on évite avec grand soin ce malheur,
qui rendroit la mère inutile, et diminueroit
la plus chère ressource de ces. sauvages.
L ’instinct qui porte une vaéhe à retenir son
lait jusqu’à ce que son veau l’ait tetée, n’est
pas moins digne de fixer l ’attention • mais,
dans ces occasions, les Hottentots ont une
méthode facile et généralement répandue,
tonte dégoûtante qu’elle soit. Tandis qu’une
femme est en posture et tient le pis de la
vache, une autre souffle avec violence dans
le vagin de la bête ; son ventre alors s’enfle
démesurément, elle ne peut plus retenir son
lait, et le laisse échapper avec profusion.
S il arrive que le veau périsse, on en conserve
soigneusement la peau, et c’est avec
beaucoup d’adresse qu’on trompe l ’instinct
naïf de la nature j 011 en habille un autre
veau : séduite par cet artifice , la mère continue
de donner du lait j mais il est rare que
ce moyen réussisse au-delà d’un mois : c’est
une perte réelle pour le propriétaire • car ,
lorsque le veau ne meurt pas, la vache ne
tarit qu’environ six semaines avant de mettre
bas une autre fois.
L espèce de vaches africaines est absolument
la même et ne diffère point de celle
d’Europe : suivant les divers cantons, bons
ou mauvais, elles sont plus ou moins grosses :
en général, elles donnent plus de lait ; celles
qui peuventen donner trois ou quatre pintes
par jo u r , sont des phénomènes extraordinaires.
I l paroît que le laitage, ce doux présent,
de la nature , devient plus rare et tarit
presque tout-à-fait à mesure qu’on approche
des pays les plus chauds. Je me souviens