
je le répète, ne sont pas fréquens: en matière
d’amour, au Cap comme en Europe,
les femmes montrent plus de réserve, de
retenue et de délicatesse que les hommes ;
ceu x-ci, art Contraire, ne balancent point
a satisfaire leurs fantaisies, quel qu’eil soit
l ’objet, et les dangers qui en résultent ne
sont pas non plus les mêmes pour l ’un et
pour l ’autre sexe ; mais les bâtards des blancs
et des Hottentotes portent an contraire le
germe de tous les vices et de tous les désordres.
Telles sont, en général, les connoissances
que j ’ai acquises par moi-même en vivant
avec les Hottentots. Je m’arrête, de peur de
fatiguer l’attention par ces détails arides, et
je n ’y reviendrai que lorsque l’occasion d’en
parler sans ennui , se présentera d’elle-
même au milieu de mes courses et des évé-
nemens de mon voyage.
Comme je me proposois de passer plus
d’un jour en A frique, mon premier soin fut
d’étudier la langue de ces peuplés ; je réussis
dans mon projet au-delà de mon désir. Cette
langue, à la vé r ité , fort pauvre , n’a pas
besoin de mots pour exprimer des idées
abstraites et trop métaphysiques ; elle n’est
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susceptible d’aucun ornement ; mais, pour
n’avoir ni fleurs bien élégantes, ni syntaxe
bien exacte, ses difficultés n’en sont pas
moins inextricables, à qui n’apporteroit,
dans cette étude, ni goût ni patience. D u
reste, j’ai trop reçu le prix de mes peines
dans cette partie de mes travaux, par toutes
les jouissances „que m’a procurées Je pouvoir
de m’entretenii&iibrement avec eu x , pour
que j ’aie à me repentir d’avoir ajouté la con-
noissancé de cet idiôme singulier aux diverses
langues, dont les préceptes ont fait
le principal objet de l’éducation très-sévère
que j’ai reçue.
- La langue hottentote ne ressemble point,
comme l ’ont écrit plusieurs auteurs anciens,
« au gloussement des dindons, an bruit con-
» fus que font les dindes qui se battent,
» ailx cris d’une p ie , aux huées d’un ehat-
» huant» fleurs Sons* imitent encore moins
le cri des chauve-souris, cë qu’ont avancé
Pline et Hérodote ç il suffit de comparer
entr’elles toutes ces diverses assimilations
, pour juger qu’il est impossible
qu’une langue puisse ressembler à toutes
ces choses en même tempsyil n’est pas moins
faux qu’à entendre les Hottentots converser