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dans ces momens en une étuve dont j ’étois
obligé de déserter. Que de motifs puissans
pour m’engager à changer d’emplacement,
et à transporter mes pénates dans un local
mieux ombragé, sous quelque bocage épais !
Mais on se rappelle le rendez-vous convenu
avec mes envoyés chez les Caffres ; il se
pouvoit qu’à leur retour, ne me trouvant
point au Kobs-Kraal, ils imaginassent ou
qu’il m’étoit arrivé quelque malheur imprévu
, ou q u e , fatigué de les attendre,
j ’avois pris le parti de décamper et de continuer
ma route 5 cette diversion les eût
jetés dans le plus grand embarras : de mon
coté, je m’intéressois trop au sort des deux
miens pour les abandonner, et n’aurois pas
v o u lu , pour tous les oiseaux de l’Afrique,
avoir à me reprocher une aussi lâche action,
Je me déterminai donc à rester jusqu’à leur
arrivée, qui nécessairement ne devoit pas
tarder ; mais je me promis bien de rendre
tous mes gens à nos exercices, et j ’en donnai
le premierYexemple,
Je ne manquai plus, selon mon ancienne
coutume, dê consacrer une partie des soirées
à la rédaction de mon journal, et c’est ici
que je commençai à saisir enfin les diüerences
qui distinguent un Hottentot dun
Hottentot, et particulièrement les Gona-
quois des autres hordes que j avois jusqu’alors
rencontrées.
| Le lcraal de Haabas, à quatre cents pas
environ de la nviere. Groote—Ah sh , etoit
situé sur le penchant d’uné colline qui s’éten-
doitpar une pente insensible jusqu’au pied
d’une chaîne de montagnes couvertes d’une
forêt de très-grands arbres ; un petit ruisseau
le traversoit par le m ilieu, et alloit se
perdre à la rivière. Toutes les huttes, au
nombre à-peu-près de quarante, bâties sur
Un espace de six cents pieds quarres, for-
m oient plusieurs demi-cercles 5 elle! étoient
liées l’une à l’autre par de petits parcs particuliers,
C’est- là que chaque famille enferme,
pendant le joiir, les veaux et les
agneaux, qu’ils ne laissent jamais suivre
leurs mères, et qui ne tetënt que le matin et
le soir, temps auquel lès femmes traient les-
vaches et les chèvres. Il y avoit, outre cela,
trois grands parcs bien entourés, destinés à
contenir,pendant la ntiit Seulement,le troupeau
général de la horde.
Les huttes, semblables pour la forme à
çelles des Hottentots des colonies, portent