Les girafes mâle et .femelle sont tachetées
également : cependant, abstraction faite de
l ’inégalité de leurs tailles, on les distingue
très-bien et de fort loin l ’un de l’autre ; le
mâle, sur un fond gris-blanc, a de grandes
taches d’un brun obscur presque noir ; e t ,
sur un fond semblable, les taches de la femelle
sont d’une couleur beaucoup moins,
foncée; ce qui ne. les rend pas aussi tranchantes.
Les jeunes mâles ont d’abord leurs
taches d’un roux très-clair., et prennent ensuite
la couleur de leurs mères ; mais leurs
taches se rembrunissent à mesure qu’il s avancent
en âge et qu’ils prennent de l’accroissement.
Ces quadrupèdes se nourrissent de feuilles
d’arbres, et par préférence de celle d’un mimosa
particulier au canton qu’ils habitent,
Les herbages des prairies font , aussi partie
de leurs alimens, sans qu’il ^eur soit nécessaire
de s’agenouiller pour brouter ou pour
boire, comme on l’a cru mal-à-propos : ils
se couchent souvent, soit pour, ruminer,
soit pour dormir ; ce qui leur occasionne une
callosité considérable au çternun^ et.fait
que leurs genoux sont toujours couronnés.
Si la nature avojt doué la girafe d’un ça«
ractère irascible, celle-ci auroit certainement
à s’en plaindre ; car ses moyens pour
l’attaque ou pour la défense se réduisent à
peu de chose : mais elle est d’un caractère
paisible et craintif ; elle fuit le danger , et
s’éloigne fort vite en trottant. Un bon cheval
la joint difficilement à la.cpurse.
On a dit qu’elle n’avoit pas la force de se
défendre ; cependant je sais, à n’en pas douter
, q u e , par ses ruades ? elle lasse , décourage
et peut écarter le lion. Je n’ai jamais vu
qu’en aucune occasion elle fît usage de ses
cornes : on poürroit les regarder comme
inutiles, s’il étoit possible de douter de la
sagesse et des précautions que la nature sait
employer, et dont elle ne nous laisse pas
toujours appercevoirles motifs.
J ai pense qu’il étoit essentiel d’accompagner
ces deux figures, que je livre à l ’empressement
des personnes qui me les ont demandées
, d’une légère description qui put
d avance en faciliter l’examen ; mais on sentira
bien que je n’ai pas tout dit sur cet animal
extraordinaire. , ;