lorsque je visiterai ces peuples ; les seuls
que les Hottentots instruisent ne leur servent
qu’à transporter les bagages lorsqu’ils
abandonnent un endroit pour aller s’établir
dans un autre ; le reste est destiné aux
échanges. *
I l faut que les boeufs dont ils veulent faire
des bêtes de somme , soient maniés et stylés
de bonne heure à cette besogne ; autrement
ils deviendroient absolument indociles, et
se refuseroient à cette espèce de service.
Ainsi, lorsque l ’animal est jeune encore, on
perce la cloison qui sépare les deux narines ;
on y passe un bâton de huit à dix pouces de
longueur, sur un pouce à-peu-près de diamètre.
Pour fixer ce bâton , et l ’empêcher
de sortir de cet anneau mobile, une courroie
, attachée aux deux bouts, l’assujétit ;
on lui laisse jusqu’à la mort ce frein qui sert
à l ’arrêter et à le contenir. Lorsque ce boetif
a pris toutes ses forces ou à-peu-près, on
commence par l ’habituer à une sangle • de
cuir, que de temps en temps on resserre
plus fortement sans qu’il en soit incommodé
j on l’amène au point que tout autre
animal envers qui l’on n’auroit pas pris les
mêmes précau tions, serait à l’instant étouffé
et périroit sur la place ; on .charge le jeune
élève de quelques fardeaux légers, comme
des peaux, des nattes, &c. C’est ainsi qu’en
augmentant la charge insensiblement et par
degrés, on parvient à lui faire porter et à
fixer sur son dos jusqu’à trois cents livres
pesant et plus, qui ne le gênent aucunement
lorsqu’on le met en marche,
La manière de charger un boeuf est fort
simple î un homme, en _ W ' se mettant au-devant
de lu i, tient la courroie attachée au petit
bâton qui traverse ses narines ; l ’animal le
plus fu r ie u x , arrêté de cette façon, seroit
tranquille : on cou vre son dos de quelques
peaux pour éviter de le blesser ; puis, à
mesure qu’on y ajoute les effets destinés
pour sa charge, deux Hottentots robustes,
placés à chacun des côtés, les rangent et les
assurent en passant sous le ventre et ramenant
sur ces effets une“ forte sangle de cuir •
elle a quelquefois jusqu?à vingt aunes et
plus de longueur, Pour la serrer plus étroitement
, à chaque révolution qu’elle fait autour
des effets et du ventre de l ’animal, ces
deux hommes appuient le pied ou le genou
contre ses flancs , et certes on ne voit pas
avec moins d’étonnement que de peine la