soins: çe sont les Hottentots des colonies qui
les leur apportent, quand ils viennent à
manquer • car il est bon d’observer que,
que]qu’empressés qu’ils soient de jouir de
ces bagatelles, ils ne se donneroient pas la
peine de faire un pas pour les aller chercher
eux-memes, et préféreroient de s’en passer;
leçon utile a ceux qui traînent leur vie dans
l ’agitation pour courir après des chimères.
Tels sont ces peuples, ou du moins tels ils
m ont pa ru , dans toute l ’innocence des
moeurs et de la vie pastorale. Ils offrent encore
l ’idée de l ’espèce humaine en son enfance.
Un trait sublime que je place i c i ,
quoiqu’il appartienne à mon second Voyage
beaucoup plus au nord du Gap et vers la
çote guest, achèvera çe tableau que j ’ai
tracé dans toute la candeur et la vérité de
mon aine , sans éloquence, il est v r a i, mais
sans enthousiasme, sans vaines déclamations
, avec cette naïveté de franchise qui
m’est si chère, et que j ’aime à professer sans
cesse.
Une horde assez considérablede Kamihom
bois étoit venue visiter mon camp avec cette
confiance que donnent toujours des intentions
honnêtes et droites, et que possèdent
leshommes que leurs semblables n’ontpoint
encore trompés. Forcé de ménager mes provisions
, il ne m’étoit pas possible de, régaler
tout ce monde avec de l ’eau-de-vie ; la
troupe etoit trop nombreuse; je ne pouvois,
sans imprudence, me montrer généreux :
j en fis donner un verre au chef et à ceux
qui, par leur figure et jHutôt encore par leur
âge, me paroissoient les plus respectables.
Mais a quelles ressources, à quels moyens
n’a pas recours la bienfaisance, et qu’elle est
ingénieuse quand elle veut se communiquer
! Quel fut mon etonnement, lorsque
m’appercevant qu’ils conser voient la liqueur
sans l ’avaler, je les vis tous s’approcher de
leurs camarades qui n’en avoient point
reçu, et la leur distribuer de bouche à bouche
de la même manière dont les tendres
oiseaux du ciel se donnent la becquée. Je
l ’avouerai, cette action inatfèndue me troubla
; j’en demeurai stupéfait : à la vue de
cette scène touchante, quel coeur dénaturé
n’eût point senti couler les larmes de l’attendrissement
! Plein d’admiration et de respect
, ému jusqu’au fond de l’ame, j’allai me
jeter dans les bras du chef q u i, comme les
&utres? venoit de partager la liqueur,à ceux