M v o y a g é
regarder comme un des raffinemens les plus
monstrueux qu’ait jamais inventés je ne sais
quelle coquetterie toute particulière à un
très-petit coin du monde connu.
Quelques auteurs anciens .ont écrit que
les familles de sauvages couchent pêle-mêle
dans une même hutte, et ne connoissent
point les différences de l’âge, ni cette horreur
invincible qui sépare les etres rapprochés
par le sang. A la vérité, ces sauvages
bornés au strict nécessaire, n’ont point imaginé
de sauver par une décence apparente
toute la turpitude d’une inclination monstrueuse,
et l’on ne voit point chez eux appartement
pour le frère, appartement pour
la soeur , appartemens pour la mère et pour
le fils; mais conclure de ce qu’ils n’ont qu’un
même toit , qu’un même grabat, qu’une y
même natte pour se délasser des travaux du
jour, qu’ils vivent à l’instar des animaux,
c’est outrager la nature, et calomnier 1 innocence
: il n’y a qu’un auteur mal instruit
ou mal intentionné, qui se soit permis d’accréditer
ces soupçons infâmes. Oui., toute
une famille habite une même hutte : oui, le
père se couche avec sa fille, le frère avec sa
soeur, la mère avec son fils 3 mais, au retour
Ë N A F il i ij ù e .
dè fiautore, chacun se lève avec un coeur
fu r , et sans avoir à rougir devant l’auteur
des etres, ou l’unes dés 'créatures qu’il a
inarquées du sbeàu de sa ressemblance.
Le sauva|e n’est ni brUtë ni barbare.
Le vrai monstre est celui qui voit le
crime par - tout où il le suppose, et qui
1 affirme sur l’odieux témoignage de sa
Conscience;
J’ai visité plus d’une peUpîadë, de sauvages
, et n ai trouvé par-tout que retenue et
circonspectibn chez les femmes j je puis
ajouter aussi chez les hommes. L ’auteur que
j’ai si souvent contredit rend hommage à la
vérité, lorsqu il confesse que, d’après la nudité
des sauvages, on les jugeroit mal, si l’on
croyoit qu ils ont aussi peu de modestie que
dé voilé; qu’il a eu de la peine à trouver des
hommes qui, sous l’appât même des présens
, consentissent à déranger assez leurs
jackals pour qu’il pût se convaincre par ses
yeux s’ils étoient ou n’étoient point circoncis.
J’ai dit ailleurs que le Commerce avec les
blancs étoitla ruine et le fléau des moeurs;
les Hottentots des colonies en fournissent
trne preuve trop frappante : ceux du désert