V O Y A G É
que la moitié de son troupeau : c’est une
espèce de ladrerie qui se communique dans
un instant. Les animaux qui en sont atteints
ont les chairs boursouflées, spongieuses et
livid e s , on diroit qu’elles sont meurtries et
qu’elles se décomposent;elles se remplissent
d’une humeur roussâtre, visqueuse, et portent
un dégoût qui écarte jusqu’aux chiens.
Sur le premier soupçon des premiers symptômes
de cette peste, si l’on n’a pris soin
d’écarter au loin les animaux qui n’en sont
point encore attaqués, il n’y a ni force ni
santé qui puissent les en garantir, .
Telles sont les principales maladies qui i
par leurs ravages périodiques , établirent
entre la multiplication et la mortalité des
bestiaux d’Afrique,une balance quis’oppose
à leur prospérité et sans laquelle ces peuples
pasteurs, très-sobres dans leur consommation
, deviendroient bientôt riches et puissans.
Les moutons que les sauvages élèvent
dans la partie de l’e s t, sont de l’espèce connue
sous le nom de JVLoutons du Cap. La
grosseur de leur queue leur a donné de la
réputation; mais de combien n e l a—t—on pas
exagérée ! son poids ordinaire n’est que de
E N A F R I Q U E . S i
quatre ou cinq livres. Pendant un de mes
séjours à la v ille , onpromenoit, de maison
en maison , un de ces animaux comme une
chose merveilleuse , et sa queue cependant
quoiquelle fût admirée, ne pesoit pas plus
de neuf livres et demie. Ce n’est absolument
qu’un morceau de graisse qui a cela de particulier,
qu’étant fondue , elle n’acquiert
point la consistance des autres graisses de
1 animal ; c’est une espèce d’huile figée à
laquelle les Hottentots donnent la préférence
pour leurs onctions, et pour se boughouer.
Les colons l ’emploient aussi aux fritures ;
amalgamée avec d’autres substances graisseuses
,* elle se durcit comme le beurre , et
le remplace, sur-tout dans les cantons de la
colonie trop arides pour qu’bn y puisse élever
des vaches ; aussi , dans les pays gras
a nomme-t-on par plaisanterie et par déri-
smn , le beurre de tel endroit; au Cap par
exemple, beurre de Swart-land, canton sec
ou le laitage est très-rare.
I l n’y a que les chèvres auxquelles les
terrems arides et brûlés conviennent ; elles
y sont toujours d’une très-belle espèce; leur
taille varie suivant les divers cantons; mais
par-tout elles sont généralement bonnes et
IL a?