
gré les ruisseaux nombreux qui se oroisçjii
en mille sens divers pour rendre ce beau
pays fécond et riant, les boeufs, les vaches
et presque tous les animaux y sont plus petits
que ceux des Hottentots ; cette différence
provient assurément de la nature de la sève,
et d’un goût sûr qui prédomine dans toutes
les espèces d’herbages. J’ai fait cette observation
non-seulement Sur les animaux domestiques
des cantons qui me sont connus
mais aussi sur tous ceux qui sont sauvages,'
et je les ai trouvés réellement phis petits
que ceux que j ’avois vus précédemment
dans les pays secs et arides, J’ai remarqué,
dans mon voyage chez les Namaquois, qui
n’habitent que des rochers et la terre la
plus ingrate p eu t-ê tre de l ’Afrique en- j
tiè re , qu’ils avoient les plus beaux boeufs j
que j’eusse rencontrés, et qu’il n ’est pas, jusqu’aux
éléphans et hippopotames qui ne
fussent plus forts que p a r - to u t ailleurs}
aussi le peu de pâturage qui se trouve dans
ces lieux maudits, est-il fort doux et fort
suave; tcette qualité des plantes se distingue
aisément ; j ’avois , pour cela, un
moyen infaillible : lorsque j ’arrivois dans
un canton nouveau, quand mon troupeau
E A F R I Q tJ E.
révèîioit de la pâture je jugeois de l ’âpreté
des herbes, par l ’empressement avec lequel
il se répandoit dans mon camp pour y chercher
de tous côtés les oâ que mes chiens
avoient abandonnés : ils soulageoient leurs
dents Vivement agacées, en rongeant ces os
qui, par leur nature calcaire, dévoient en.
effet émousser et éteindre l ’agacement et
l’acidité qui les tourmentaient; jamais nous
ne jetions les os dans le feu; lorsque nous en
manquions, du bois sec ou même des pierres
y suppléoient; et même à défaut de tout
cela, ils se rongeoient mutuellement les cornes
; quand les pâturages étaient excellons
cette cérémonie n’avoit jamais lieu.
Unè industrie mieux caractérisée, quelques
arts de nécessité première , il est ,vrai ,
un peu de cul ture et quelques dogmes religieux^
annoncent dans le Caffre une nation
plus civilisée que celles du côté du sud: la
circoncision qu’ils pratiquent généralement
piouveroit assez, ou qu’ils doivent leur origine
à d’anciens peuples dont ils ont dégénéré,
pu qu’ils l ’ont simplement imitée de
voisins dont ils ne se souviennent plus; car,
lorsqu on leur parle de cette cérémonie, ce
n est , selon eux , ni pan religion ni par