Un niiàge qui savançoit vers nous; je hë
vo y ois Tien à cè phénomène qui dût si fort
l °U.3 té)onir> ce ne fut que lorsque eê prétendu
nuage nous eut gagnés, que je distinguai
qu’il n’étoit formé que par des millions
de sauterelles qui faisoient route. On m’avoit
beaucoup parlé de Témigration de ces insectes
; qui s’assemblent tous les ans par
bandes innombrables , et quittent les lieux
qui les ont v u naître pour aller s’établir
ailleurs; mais je les voyois pour la première
lois; celles-ci voyageoient en si grand nombre,
que l ’air en était réëllemeüt obscurci r
elles ne s’élevaient pas beaucoup au-dessus
de nos têtes, mais elles formoient une colonne
qui pouvoit embrasser deux à trois
mille pieds en largeur, et, montre à la main,
elles mirent plus d’une heure à passer. Ce
bataillon étoit tellement serré, qu’il en tom-
boit comme une grêle des pelotons étouffés
ou démontés ; mon Eeès les! croquoit à plaisir,
en même temps qu’il en fiiisoit provision.
. Une Partie de mes gens, ceux habitués a
la vie sauvage, s’en firent aussi un régal • ils
me vantèrent si fort 1’exeéllehcë de cette
manne, que, cédant à la tentation, je vo u -
ïus m’en régaler Comme eux i mais, s’il est
vra i, comme on l ’assure, qu’en Grèce, et
nommément dans Athènes, les marchés publics
étoient toujours fournis de cette nourriture,
et qu’elle faisoit les délices des gourmets
de ce,temps, j ’avoue de bonne-foi que
j ’aurois mal figuré parmi ces acridophages,
à moins qu’avec le goût des Grecs le ciel ne
m’eût fait jouir d’une constitution différente.
I l faut avouer cependant qu’il entroit bien
plus de prévention dans la sorte d’aversion
que m’inspira d’abord cette nourriture que
de -dégoût réel, puisqu’il est vrai que je n’y
trouvai effectivement aucune saveur désagréable,
et qnè loin de-là, même, je la comparai
à celle d’un jaune d’oeuf euit dur. I l
est bon d’observer encore ic i, à cet égard,
que les Hottentots ne font point usage indistinctement
de toutes les sauterelles, et qu’ils
n’en connaissent qu’une seule espèce qui
leur sert de nourriture, et queicolie-là est la
seul© aussi qui émigre et s’assemble en grandes
froupes pour traverser d’immenses pays;
Nous partîmes enfin le 3 janvier; et, laissant
derrière nous la chaîne des montagnes
du Bruyntjes-Hoogte,: nous apperçûmes,
Vers le nord-ouest celles des Sneuw-Bergen >