aucune autre cause mystérieuse qu’ils la
pratiquent ; et ce qu’il y a de particulie
r , c’est qu’ils ne font subir à leurs en-
fans cette opération qu’à l’âge de huit à
neuf ans, et qu’avant ce moment le jeune
CafFre ne voile jamais cette partie. Ces peuples
ont une très-haute idée de l ’Auteur des
êtres et de sa puissance ; ils croyent à une
autre v ie , à la punition des méchans, à la
recompense des bons, mais ils n’ont point
d’idée de la création 5 ils pensent que le
inonde a toujours existé , qu’il sera toujours
ce qu’il est : ils ne se livrent, du reste,
à aucune pratique religieuse, ne prient jamais,
en sorte qu’on pourroit, trè s - bien
dire qu’ils n’ont point de religion s’il 11’y a
point des religion sans culte : ils sont eux-
mêmes les instituteurs de leurs enfans ,
et n’ont point de prêtres. En revanche, ils
ont des sorciers que la plus grande partie révère
et craint beaucoup ; je n’ai jamais joui
de la satisfaction d’èn joindre un seul : je
doute fort, malgré tout leur crédit, qu’ils en
imposent autant que les nôtres à la multitude.
Les Caffres se laissent gouverner par un
chef général, o u , si Ton v eu t, une espèce
de roi. Son pouvoir, comme j ’ai eu occasion
de 1 observer, est très—borné ; ne recevant
point de subsides, il ne peut avoir aucune
troupe à sa solde : il est loin du despotisme.
C’est le père d’un peuple libre; il n’est ni respecté
ni craint, il est aimé, Souvent il est
moins riche que plusieurs dé ses sujets, parce
que, maître de prendre autant de femmes
qu’il en veut, et ces femmes se faisant un
honneur de lui appartenir, la dépense que
son train royal occasionne, et qu’il est obligé
de prendre dans sa caisse particulière, je
veux dire dans son champ et ses bestiaux, etc,
souvent le ruine et réduit ses propriétés à
rien. Sa cabane n est n i plus haute ni mieux
décorée que les autres ; il rassemble sa famille
et son sérail autour de,lui, ce qui compose
un groupe de douze ou quinze huttes
tout au plug. Les terres qui l ’environnent
sont ordinairement celles qu’il cultive : c’est
un usage que chacun récolte lui-même ses
grains pour en disposer à sa manière ; c’est la
nourriture favorite des Caffres; ils les écrasent
et les broyent entre deux pierres : c’est
aussi, pour-cette raison, que chaque famille
s’isolant pour avoir ses productions à sa portée,
une horde seule qui ne seroit pas fort