comme un ami, et même comme un protecteur.
Ces Caffres comptoient sur-tout que j’au-
rois le pouvoir »de les venger d’un certain
colon de Bruyntj es-Hoogte, dont ils avoiènt
des plaintes cruelles à me fa ire , et dont le
nom seul inspiroit l’horreur. J’ai reçu effec-
\tivement dans la suite quelques détails sur
la vie de ce scélérat : des considérations particulières
m’empêchent de flétrir ici son
odieux nom; mais les crimes qui lui ont
acquis la célébrité des monstres, ne sont
ignorés d’aucun habitant du Cap ; c est en
vain que le gouvernement l ’a sommé plus
d’une fois de comparoître à son tribunal,
pour y rendre compte de sa conduite ; retranché
sur les limites, où les loix sont inertes
et sans force ; les ordres du gouverneur,
et les menaces des satellites, et tous les décrets
, n’ont été pour lui que le signal de
nouveaux forfaits.
, Sans de plus longs discours et de questions
ultérieures qui n’étoient point encore
de saison, je permis qu’on fît avancer ces
Caffres ; Hans leur fit nn signe de la main,
et dans un moment je fus entouré; ils
étoient, non compris mes envoyés, dixneuf
hommes, cinq femmes et deux jeunes
enfans ; ils me saluèrent l’un après, l’autre
par le Tabé, que je connoissois aussi bien
qu’eux, et qui fut toute ma réponse à leurs
complimens : je comprenois mal leur langage;
ils n’employoient point dans leur prononciation
le clappement usité chez les Hot-
tentots ; c’étoit dans leur manière de saluer
la seule différence avec les Gonaquois qui
fût sensible ; mais ils me parlaient tous ensemble
, et mettoient dans leurs discours
une précipitation, une volubilité qui me
sembloit d’autant pins étrange,, que depuis
près d’un an je m’étois fait une habitude de
la lentepr en tout genre de mes inactifs Hot-
tentots : je ne pouvois concevoir à quelle
cause imputer ce bourdonnement confus
qui bruis soit à mes oreilles, et m’impatien-
tois de n’en pouvoir démêler aucun son distinct.
Je ne devinois rien de tout ce que se di-
soient entr’eux ces Caffres, mais je remar-
quôis qu’ils étoient fort occupés, soit de mon
camp* soit de ma personne, soit de mon
monde,.et de leurs divers mouvemens. Leurs
yeux sé reportoient rapidement d’un, objet
à un .autre ; tout imprimait la surprise au