mères les qualités essentielles des meilleurs
nègres de la Guinée, eussent fait tomber
comme inutiles et même dangereux, les fers
cruels de l ’esclavage dans toute cette partie
si précieuse de l’Afrique.
Mais ces moyens faciles et naturels, dont
l ’exécution n ’auroit rencontré ci-devant aucun
obstacle, ne seront jamais employés ; il
est trop tard maintenant : la race turbulente
des bâtards blancs l ’emporte, et l’on peut
prévoir qu’un jour elle, deviendra la dominante
au Cap de Bonne-Espérance.
A u reste, quand ce projet seroit encore
praticable, le dévouement et la bonne volonté
de la compagnie hollandaise échoue-
roit contre les obstacles ; exacte jusqu’au
scrupule dans ses engagemens, on sait qu’elle
est d’une générosité que toutes les associations
de commerce, pour leur honneur et
leur prospérité, devraient prendre pour
modèle : on ne doute point qu’elle ne f î t ,
sans balancer, tous les sacrifices nécessaires
à l’exécution de ce beau plan si digne de
l ’immortaliser ; un vice radical f ie vice du
gouvernement, s’y oppose. I l faudrait, avant
to u t, expatrier les habitans du Cap et des
colonies, ou refondre au moins leur esprit
pour y détruire les préjugés ridicules et antipatriotiques
qui les affectent tous.
On souffre, parce qu’il n’est plus possible
d’arrêter les progrès du mal, que ces colons
, si vains de leur couleur, et qu’aucun
mérite personnel ne distingue de leurs esclaves
; on souffre, dis-je, que ces ineptes
paysans, fiers d’une fortune médiocre qu’ils
ne se sont pas même donné la peine d’acquérir
par leurs travaux, regardent et traitent
avec mépris des hommes qui ayant bien
mérité de la compagnie par les services
qu’ils lui ont rendus, soit comme soldats,
soit comme matelots, viennent s’établir au
Cap, en vertu de la permission que leur a
octroyée le gouvernement ; de telle sorte que
le dernier, le plus inutile des colons, ne voit
jamais dans cet habile matelot ou ce brave
soldat , qu’un être en quelque façon dégradé,
auquel il rougirait d’accorder sa fille; et
cette fille même, élevée dans ces principes ,
périrait de douleur plutôt que de devenir
la compagne d’un de ces défenseurs de la
patrie,
Dans pes circonstances, un brave matelot
ou militaire, soumis comme tous les autres
hommes aux besoins et aux lo is impérieux