âpre, que de très-loin les urines du singe
m’avertissoient qu’il avoit mange des épines
du mimosa.
Je trouvai sur cet arbre une chenille
magnifique et de la plus grande taille ; son
corps étoit entouré de bandes d’un noir de
velours sur un beau fond vert; la phalene
qu’elle produit n’en est pas moins brillante;
elle a les ailes presqu’entièrement blanches
avec quelques bandes et des taches brunes ;
son corps est tellement velouté, qu’il en pa-
roît cotonneux. J’ai eu plus d’une fois occasion
de remarquer dans la suite, que lorsque
le mimosa fleurit ( c’est ordinairement
aux approches de janvier ) , ses fleUrs sont
couvertes de quantité d’insectes de différentes
espèces; aussi les cantons où croissent
ces arbres sont-ils ceux ou l’on rencontre
en plus grande abondance une partie des dif-
férens individus qui composent cette classe
de l ’histoire naturelle, et, par une conséquence
nécessaire, une infinite d oiseaux attirés
par ,eés insectes dont ils font leur principale
nourriture.
Je profitai de cette première halte pour
écorcher l’outarde que j’avois tuée; sa chair
servit à mon repas, ma suite dina des provisions
que nous avions apportées. Mes
boeufs s’étoient si bien régalés chemin faisant,
qu’à peine arrivés ils se couchèrent
malgré la charge qu’ils portoient; on ne les
voyoit point dans l’herbe tant elle étoit haute
et fournie. Dans l’après-midi le ciel s’obscur-.
cit ; nous fûmes assaillis par un orage affreux
accompagné de tonnerre; nous n’en
continuâmes pas moins notre route; car,
ne voulant point décharger nos boeufs avant
la n u it, et privés d’abris dans l’endroit où
nous avions dîné, la pluie ne nous eût pas
plus épargnés en restant tranquilles, qu’en
marchant; mais vers cinq heures du soir
nous nous, sentions tellement harassés, qu’il
ne nous fut pas possible d’aller plus.loin; je fis
dresser sur-le-champ ma canonnière. On alluma
de grands feux ; lorsque nous fûmes
séçhés, je gagnai mon gîte, et mes gens s’arrangèrent
comme ils purent sous leurs peaux
et leurs nattes qu’ils, inclinaient du côté de la
pluie, à-peu-près comme on place des per-
siennes ou des abat-j,ours pour se garantir
des ardeurs du soleil. L ’humidité de la terre
eut bientôt pénétré la couverture de laine
sur laquelle je m’étois vainement étendu
pour reposer ; et la pluie qui tomba sans re