lçnt et creusent profondément sans les endommager
; ils font en sorte qu’elles aient
beaucoup de capacité : plus elles peuvent
recevoir de tabac, plus ils les estiment. J’en
ai vu dont le canal par lequel ils aspiroient
la fumée, avoit plus d’un pouce de diamètre
intérieur.
On ne voit point chez les Gonaquois des
hommes qui s’adonnent particulièrement à
un genre de tra vail, pour servir les fantaisies
des autres. La femme qui veut reposer
plus mollement, fait elle-même ses nattes;
le besoin d’un vêtement produit un tailleur;
le chasseur qui desire des armes sûres, ne
compte que sur celles qu’il se fqrgera lui-
même ; un amant enfin, est le seul architecte
de la cabane qui va mettre à l’abri les
charmes de sa compagne,
J’avoue qu’il seroit difficile de ne pas trouve
r chez d’autres nations plus d’intelligence
et plus d’art; les seuls meubles en usage dans
le pays que je décris sont une Série de pq^
te rie très-fragile et peu variée ; rarement les
Gonaquois font-ils bouillir leurs viandes; ils
les préfèrent rôties ou grillées. Leur poterie
est principalement destinée à fondre les
graisses qu’ils conservent ensuite dans fies
E N ' A F R I Q U E . *]0
calebasses, des sacs de peau de mouton, ou
dans des vessies.
Quoiqu’ils élèvent en moutons et en boeufs
des bestiaux innombrables, il est rare qu’ils
tuent de ceu x -c i, à moins qu’il ne leur arrive
quelqu’accident, ou que la vieillesse né
les ait mis hors de service ; leur principale
nourriture est donc le lait que donnent leurs
vaches et leurs brebis ; ils on t, en outre, les
produits de leur chasse ; et de temps en
temps ils égorgent un mouton. Pour engraisser
ces animaux, ils font usage d’un
procédé, q u i, pour ne se point pratiquer en
Europe, n’en opère pas moins d’effet, et a
de particulier l ’avantage de n’exiger aucun
soin ; ils se contentent d’écraser entre deux
pierres plates la partie que nous leur retranchons
; ainsi comprimée, elle acquiert avec
le temps un volume prodigieux, et devient
un mets très-délicat, quand on a résolu de
sacrifier l’animal.
L ’usage d’élever des boeufs pour la guerre
ne se pratique point dans cette partie de
l’A frique; je n’ai vu nulle trace d’une pareille
coutume dans tous les lieux que j’ai parcourus
jusqu’à ce moment, elle est particulière
aux grands Namaquois : j ’en parlerai