
joie, comme si, non contens de l ’espoir que
je leur avois donné d’aller les v is ite r , ils
n’avoient çraint encore que je fusse confondu
parmi leurs indignes persécuteurs,
et que par un sentiment d’amour pour ma
personne, ils eussent voulu me garantir de
toute espèce de méprise, Après les tabès
d’usage, je les accompagnai jusqu’à la riv
iè re , qu’ils traversèrent tous à la nage,
ainsi que leurs bestiaux; et lorsqu’ils eurent
mis pied à terre à l’autre bord, je JLès. saluai
pour la dernière fois par une décharge générale
de toute pi a raousq ueterie ; les ravines
et les taillis dans lesquels ils s’enfoncèrent,
les; eurent bientôt dérobés à ma vue,
J’ai tiré plusieurs dèssins de ces peuples,
qui se prêtaient à mon opération avec autant
d’étonnement que de complaisance ; ce sont
les planches que j ’ai placées ci-après.
Ces Caffres une fois partis, je m’étois flatté
que mes gens feroient quelques réflexions
sur la manière tranquille avec laquelle ils
avoient vécu avec eux pendant mon séjour;
qu’ils reconnoîtroient combien leur frayeur
était mal fondée, et qu’ils finiroient peut-
être par consentir à m’accompagner Pour
ne point paroître m’occuper d’eux e t de mon
j
projet avec trop d’achainement, et afin de
les mettre en état d’agir d’eux-mêmes, je résolus
de partir aussi sur-le-champ pour
aller rendre visite au vénérable Haabas,
parce qu’à mon retour, à la première ouverture
qu’on me feroit de quelque changement,
je lèVerois le piquet et me remettrais;
en marche pour ne donner le temps à personne
de se refroidir. Pendant le séjour des
Caffres, je n’avois vu qu’une seule fois deux
Gonaquois chez moi ; il me tardoit de ; renouer
connoissance avec mes bons voisins,
et de les instruire de ce qui s’étoit passé
depuis notre séparation. Je me rendis seul
à leur kraal. Leur joie fut extrême quand ils
m’eurent reconnu ; tous s’empressèrent autour
de moi; ils s’appeloient les uns les autres
, accouraient de tous les côtés; je fus
bientôt entouré. Haabas me fit part de ses
craintes et de celles de sa horde pendant le
séjour des Caffres chez moi ; il me demanda
cent fois si j’étais certain que sa retraite ne
fut point connue d’eux;, jé fis tons nies, efforts
pour le tranquilliser, et ,lui appris que
je tenois des Caffres mêmes., qu’ils n’a voient
aucun sujet de haine contre les Hot.teatats
Gonaquois, qu’ils savoiènt n’avoir aucune