
une bouilloire, du thé, dti sel, du sucre, ¿kc:
De leur côté, mes compagnons s’occupèrent
à rouler leurs peaux, leurs nattes, leurs us^
tensiles ; ils n’avoient point oublié de me demander
une bonne provision de tabac et
d’eau-de-vie: Ce remuement, cette agitation,
les allées et les venues que nécessitoienttous
ces préparatifs m’auroient offert un tableau
piquant si j’avois eu l’esprit tranquille, et
que tout mon monde eût voulu me suivre;
c’étoit, comme on le dit, le déménagement
du peintre; d’un autre côté, l ’air étonné,
contrit des poltrons qui restoient, présen-
toit un contraste siiigulier; les partans haus-
soient la v o ix et les regardoient en pitié; ori
eût dit qu’ils ne se connoissoient plus, qu’ils
n’étoient plus de la même espèce ; ceux-là
montroient assez toute l ’inquiétude que leur
causoient ce départ et le chagrin de ne me
plus voir à leur tête; ils auraient été charmés
de connaître la durée de ce voyage, ce
qui n ’étoit pas plus en mon pouvoir qu’au
leur.
Nos Emballages achevés, et n’ayant plus
qu’à charger, nous fixâmes le départ au
lendemain matin 5 novembre.
Lorsque les feux du soir furent allumés,
je m’y plaçai à l ’ordinaire avec tout mon
monde pour prendre le thé ; je saisis ce moment
pour faire une douce exhortation à
ceux que je laissois dans mon camp; je ne
leur montrai plus aucun signe de mécontentement;
je feignis même d’approuver leurs
raisons, bien assuré que je ne changerois
rien aux résolutions de ceux qui partoient
avec moi. Quant aux nouvelles marques
d’inquiétude qufils montroient pour maper-
soqne, je leur dis que je devois trop compter
sur les braves qui m’accompagnoient
pour n’être pas tranquille : je leur recommandai
la plus grande obéissance aux ordres
du sage Swanepoel, à qui je remettois toute
mon autorité; je leur promis de récompenser
tous ceux dont la conduite répondrait à
là bonne opinion qu’ils m’avoient fait prendre
jusqu’ici. Enfin, pour ne leur laisser aucun
regret dans l ’ame et effacer jusqu’au
souvenir de tout désagrément réciproque^
je fis verser une rasade générale .* on but à
notre voyage, et chacun se retira chez soi.
Je ne pus fermer l ’oeil de toute cette nuit :
dès la pointe du jour je sonnai moi-même
l’appel; tout le camp fut en l’air; on chargea
, l ’on emmaillotta nos quatre boeufs.