tuellement à sa voix. Comme ils ne sont
jamais tourmentés ni maltraités par leurs
conducteurs, ces animaux pacifiques ne font
jamais usage des armes que leur a données la
nature : le maître, chargé du soin de les instruire
et de les panser, n’attache pas même
les femelles pour les traire 5 si cependant le
sentiment de la maternité parle avee’ force à
leur instinct, et les engage à retenir leur
lait pour leurs petits, le moyen dont se servent
les Caffres pour les contraindre à le
lâcher, est plus simple et moins dégoûtant
que celui du Hottentot : on passe une entraVe
à’ l’un des pieds de derrière de la bête 5 un
homme robuste l’attire en s’éloignant 5 gênée
par cette attitude , elle laisse aussi-tôt couler
son lait : on emploie le même moyen lorsqu’une
vache est privée de son veau. Que
cette différence avec les vaches d’Europe
provienne de la nature , de l’espèce ou du
climat, il n’en est pas moins vrai qu’elle
existe, et que l ’expédient dont je viens de
parler est nécessaire, et généralement usité
par ces sauvages.
On reçoit le lait dans les paniers que j ’ai
décrits, et qui sont particulièrement l’ouvrage
des femmes : leur capacité dépend de
la fantaisie ; mais leur forme est toujours la
même ; très-légers et ne risquant jamais de
se rompre, ils sont sans contredit préférables
à nos vases, quelle qu’en soit la matière. Les
femmes que j ’avois alors dans mon camp ,
n’avoient point oublié leurs outils ; elles
avoient apporté des joncs, pour ne pas rester
oisives j je mamusois a voir fabriquer
ces jolis paniers , qu’elles s’empressoient
d’échanger avec moi contre de la quincaillerie,
dès qu’elles y avoient mis la dernière
main.
Avant de faire couler le lait dans ces vases,
on avoit soin de les bien laver ; mais c’étoit
moins dans un esprit de propreté que dans
le dessein d’en resserrer la texture ; car enfin,
quelque prévenu que je sois pour les sauvages,
en faisant profession de tout dire
je ne dois pas me taire, même sur leurs défauts.
Avouons donc que les Caffres sont
dans l ’usage constant d’éçhauder leurs usten-
silçs avec leur propre urine, et qu’ils ne se
donnent pas la peine d’aller chercher de
l’eau lorsqu’ils n’en ont point à leur portée.
Ce procédé qu’on mettoit en usage sous
mes yeux n’étoit guère ragoûtant- on avoit
attention, tous les soirs, de rapporter un