
Le ràbouquin est une planche triangulaire
, sur laquelle sont attachées trois cordes
de boyau soutenues par un chevalet, et
qui se tendent à volonté, par le moyen de
chevilles , comme nos instrumens européens
; ce n’est autre chose qu’une guitare à
trois cordes ; tout autre qu’un Hottentot en
tireroit peut-être quelque parti, et le ren -
droit agréable ; mais celui-ci se contente de
le pincer avec ses doigts, et le fait sans suite,
sans art, et même sans intention.
Le romelpot .est le plus brayant de tous
les instrumens de ces sauvages ; c’est un
tronc d’arbre creusé, qui porte deux ou trois
pieds, plus ou moins, de hauteur: à l’un des
bouts on a tendu une peau de mouton bien
tannée, qu’on frappe avec les mains, ou pour
parler plus clairement, avec les poings,
quelquefois même avec un bâton : cet instrument,
qui se fait entendre de fort loin ,
n ’est pas, à coup sû r , un chef-d’oeuvre d’in-
vention; mais, dans quelque pays que ce
so it, c’est assez la méthode de remplacer
par du brait ce qu’on ne peut obtenir du
goût.
Peut-être me suis-je un peu trop appesanti
sur la description des danses e t des
k
E N A F R I Q U E . 107
divers instrumens des Hottentots; ceux-ci,
comme on le voit, ne sont pas bien curieux;
mais ce détail, qui tient par quelque côté
aux moeurs des sauvages, ne méritoit pas
non plus d’être entièrement négligé.
Tout près de la nature, et sous sa garde
immédiate, le sauvage n’a nul besoin de nos
orchestres bruyans et bien harmonieux pour
s’exciter, dans ses fêtes f aux vives démonstrations
du plaisir et de la joie; la modulation
bornée et monotone de sa musique‘lui
suffit, et je crois meme qu’il s’en passerait
volontiers, et ne sauterait pas moins bien.
Dans son Choix de lectures géographiques,
un de nos auteurs modernes, qui s’est
fait une loi d’étudier les hommes en même
temps qu’il décri voit les lieux, observe avec
beaucoup de sagacité, cc que, dans nn état
» policé, la danse et le chant sont deux arts*
» mais qu au fond des forêts ce sont presque
»des signes naturels de la concorde, de
» l’amitié, de la tendresse et du plaisir; nous
» apprenons , sous des maîtres , ajoute ce
» savant, à déployer notre v o ix , à mouvoir
» nos membres en cadence; le sauvage n ’a
» d’autre maître que sa passion, son coeur et
» la nature; ce qu’il sent, nous le simulons*y*