nalier non moins précieux. Lorsque j’étois
en m arche, j’avois, en la lavant, la précaution
d’y laisser toute l’eau qu’elle pouvoit
retenir; durant les chaleurs du jour, c’étoit
pour mon visage un rafraîchissement qui me
soulageoit beaucoup. *
Cette première partie de ma toilette achevée,
je m’habillai le plua proprement possible;
parmi mes vestes de chasse, j’en avois
une d’un brun obscur , garnie de boutons
d’acier taillés à facettes, j’en fis mon habit
de cérémonie; les rayons du soleil tombant
sur ces boutons dans tous les sens, devoien.t
parleur réfraction jeter un éclat bien propre
à me faire admirer par tous ces sauvages;
je mis un gilet blanc sous cette veste; à défaut
de bottes, je me servis d’un pantalon
de nankin, ce qui m’a toujours paru pour
le moins aussi noble; j ’avois encore dans
ma garde-robe une paire de souliers à l’européenne
, je les ehaussai, et n’oubliai point
mes grandes boucles d’argent, par hasard
fort brillantes; je desirois ardemmfent un
chapeau bordé d’or ; il fallut s’en passer.
Mon pantalon rendant inutiles les boucles
de cailloux du Rhin de mes jarretières, j’en
fis une agraffe avec laquelle j’attachai sur
I mon chapeau, tel qu’il étoit, un magnifique
I panache de plumes d’autruches de toute leur
I longueur.
Mais que j ’étois en peine pour l ’équipage
Ëde mon cheval ! il ne répondoit guère aux
ornemens du maître? A la place de cette
• magnifique peau de panthère, qu’on eût
"trouvée superbe en France, et qui ne disoit
rien à l ’oeil d’un sauvage, quelle figure radieuse
n’eût pas faite sur ma bête la plus
pnauvaise des housses de drap rouge qui
droite régulièrement toutes les semaines de
p a r is à Poissy, tant il est v rai que la rareté
des objets y met souvent tout le p r ix , '
|n meme temps qu’elle en constitue lé
mérite !
| J’avois annoncé à mon fidèle K ka s qu’il
monteroit à cheval: aveG moi, et qu’i f me
serviroit d’écuyer; il s’étoit lui-même arrangé
de son mieux; mais, jaloux de le feire
paroître avec distinction je lui donnai une
de mes vieilles culottes,, qu’il ne mit pas
sans prendre un air de vanité, qui annon-
çoit en même temps le plaisir que lu i faisoit
| e cadeau, et l ’importance qu’il recevoir de
cette décoration.
^ Tout étant prêt pour le départ, je dépê