
nés, mares ou lits de rivières dans lesquelles
nous avions espéré trouver de l ’eau, mais qui
nous trompèrent dans notre attente; nos animaux
y furent réduits à appuyer le nez contre
terre, et à lécher les endroits qui leur
sembloient encore humides. Privés d’ailleurs
de toute herbe succulente, il ne leur restoit
d’autre ressource que de se rabattre sur quelques
plantes grasses qui leur donnoient des
tranchées affreuses ; ils battoient des flancs
et n’étoient plus que des squelettes.
Cette situation désespérante dura jusqu’au
soir du a4. Nous venions de traverser le
Swart-Rivier ( la Rivière Noire ) ( 1 ) , qui
n’ayoit pas plus d’eau que les autres, nous
allions dételer, lorsque j ’apperçus un troupeau
de moutons'; je courus vers le gardien,
qui m’apprit qu’il appartenoit à un colon
dont l’habitation 11’étoj.t qu’à une petite lieue
de-là* nous en prîmes aussi-tôt la route, et
nous allâmes camper près d’un très-grand
marais, où nous eûmes enfin la satisfaction
de trouver de l ’eau en abondance. L ’habita-
(1) Cette rivière Noire est-elle un coude de la ri-,
vière du même nom que nous passâmes quelques jours
avant ? C’est ce que j ’ignore absolument.
tion appartenoit à ^ddam Robenhymer y et
se nommoit Kweec-J^aley ( Lac de la jeune
Herbe ) y parce que les colons donnent aux
herbes nouvellement poussées le nom de
lçweec, et que ce heu humide en est toujours
abondamment fourni. Je reçus mille politesses
de la part du maître de la maison et de
tonte sa famille ; elle n’étoit pas considérable,
et se réduisoit à deux filles. L ’une,
Dina-Sagrias-de-Beer, d’un premier lit du
côté de la mère, étoit une des pins belles
africaines que j ’eusse encore vues ; ces hôtes
charmans me pressèrent de passer quelques
jours avec epx ; la séduisante Dina mit des
grâces si naïves et si douces dans son invitation
particulière, que je me laissai facilement
aller à ses instances réitérées, et consentis
à passer trois jours entiers chez elle.
Cependant le soir je ne manquai pas de me
retirer dans mon camp, comme je l’avois
toujours fait; les lieux où je me trouvois et
le besoin d’y maintenir l’ordre me faisant
plus que jamais une loi sévère de ne point
découcher; j ’étois d’ailleurs tellement habitué
à mon dur matelas, qu’un lit moelleux
et plus commode m’eût réellement empêché
de reposer. Cette halte agréable étoit sur