fiai de quitter à l ’instant ma caravane • je lui
reprochai, ce que j’avois depuis appris,
d’avoir été le premier moteur des craintes
et des troubles qui avoient empêché tout
mon monde de me suivre en Caffrerie, et
de m’avoir fo rcé , par cette coupable résistance
, d’abandonner la plus belle partie de
mes projets, faute de bras, de courage et de
secours pour les conduire à leur fin. Je lui
payai ses gages échus ; je lui fis délivrer ses
effets et quelques provisions, après quoi je
le menaçai de le poursuivre comme une
bête féroce, si jamais il se présentoit à ma rem
contre. I l fut tellement consterné, anéanti
de l ’apostrophe et de la véhémence avec
laquelle je la prononçai, qu’il se saisit de
son sac et partit précipitamment. Mes gens
conjecturèrent qu’il alloit gagner les habitations
les plus prochaines, ou bien rejoindre
les Hottentot's que nous avions rencontrés
dans la matinée : j ’avois pensé qu’il au-
roit cherché à me faire des excuses, ou que
ses camarades m’auroient imploré pour lui ;
je fus trop aise qu’il eût pris un autre parti,
Cette sévérité opéra, pour le reste de mon
voyage, tout l’effet que j ’en avois attend«,
Le 9 février, je levai le camp. Plusieurs
fie mes boeufs se virent attaqués de la maladie
du sabot, ce qui leur rendoit la route très-
pénible. La tranquillité et les rafraîchisse-
mens étoient le sèul remède qui pût les rétablir
promptement Je choisis donc, sur un
des détours que faisoit la rivière au milieu
des mimosa, une clairière commode où je
plaçai mon camp , dans l ’intention d’y passer
quelques jours. Je n’eus pas besoin de recommander
à mes gens de se tenir sur leurs
gardesj ils craignoient trop les Bossismans
pour manquer à leur devoir et 3e relâcher
de leurs précautions 5 nous étions justement
dans le canton où nous avions appris que
ces' brigands jetoient l’épouvante. Nos provisions
tiroient à leur fin , et nous n’avions
plus de grand gibier ; je Songeai à m’en procurer
quelques pièces pour les saler, et je fis
plusieurs chasses qui nous éloignèrent plus
ou moins du camp : un jour que je m’étois
acharné à la poursuite d’un élan-gazelle, je
m’écartai considérablement avec un de mes
meilleurs tireurs, qui me suivoit à pied, A u
débouquement d’un fourré fort épais de
mimosa, nous tombâmes tout-à-coup sur
un Hottentot qui cherehoit des nymphes de
fourmis, mets chéri de ces. sauvages. I l ne