
val, qu’il m’offrit aussi-tôt de me laisser choisir
une, couple de ses boeuf? si je voulois le
lui céder, et lui donner un mot de lettre
pour qu’il pût l’envoyer chercher. Mon cheval
valoit certainement plus que ce qu’il
m’offroit; mais calculant d’un côté les difficultés
et les retards d’une route longue et pénible
en l’envoyant chercher, et de l ’autre,
le service que je pouvois, sur-le-champ, tirer
des deux boeufs qu’il m’offroit ; voulant
d’ailleurs lui donner une marque d’estime
et d’amitié , je ne balançai point à accepter
sa proposition, et lui donnai un billet pour
réclamer mon cheval.
Je pris toujours ma marche vers les montagnes
de Neige que nous ne perdions pas de
v u e , et au pied desquelles je me flattbis d’arr
iv e r le jour même f mais, vers les onze
heures, une chaleur des plus excessives nous
arrêta sur les bords de B ly -R iv ie r ( rivière
de la Joie), où nous fûmes obligés de passer
la nuit. Ce torrent ne fut pas pour nous
d’une grande ressource, il ne couloit plus ,
la sécheresse l’avoit tari; nous n’eûmes d’autre
ressource, pour étancher la soif dont
nous étions dévorés, qn’nne eau stagnante
et de mauvais goût qui croupissoit dans lès
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endroits les plus profonds de, son lit. A la
pointe du jour nous nous empressâmes de
quitter ce désagréable gîte,, et trois heures et
demie de marché nous ' firent rencontrer
une rivière nommée T^ogel-JRivier ( rivière
des Oiseaux). Je remarquois entr’autres singularités,
que , plus nous approchions des
montagnes de Neige, plus la chaleur de venoit
accablante ; les rocs amoncelés qui composent
ces pics sourcilleux, échauffés sans doute
par les rayons ardens du soleil, les réfléchissent
etles concentrent dans les vallées qui les
avoisinent : le mal-aisé général de toute la
caravane ne nous permit pas d’aller plus loin.
Dans le court espace que nous venions de
parcourir pour gagner d’unç rivière àfautre,
nous n’avions rencontré qu’une seule troupe
de gazelles spring-bocken, mais il finit dire
qu’elle occupoit toute la plaine; c’éloit une
émigration dont nous n’avioiis vu ni le commencement
ni la fin; nous étions précisément
dans la saison où ces animaux abandonnent
les terres sèches et rocailleuses de
la pointe d’A frique pour refluer vers le
ïiord , soit dans la Caftrerie, soit dans d’autres
pays couverts et bien arrosés r tenter
d’en calculer le nombre, le porter à ving t, à