
pouillés dans le temps de la grande sécheresse,
chacun de nous devoit s’attendre à
plus d’une disgrâce fâcheuse; mais,impatient
de connoître les curiosités naturelles que
renferme ce pays, j’avois formé le dessein
irrévocable de le traverser, et l’ouverture
que j ’en faisois actuellement n’étoit qu’une
ruse par laquelle je voulois familiariser de
bonne heure, avec cette idée, ceux de mes
gens que j ’avois avec moi, afin qu e , de retour
au camp, ils pussent en faire plus nabi-
Tellement la confidence à leurs camarades,
et s’étonner davantage de leur résistance,
s’ils devoient en montrer.
Avant de me séparer des Caffres, je leur
lis encore, ainsi qu’à mes Hottentots, une
forte distribution de tabac, et je n’en conservai
que ce qu’il nous en falloit pour nous
rendre au camp; cela me procura de la place
pour les oiseaux qui m’embarrassoient et
ceux que jepourrois rencontrer sur la route;
ces dix sauvages nous aidèrent à empaqueter
, à charger nos boeufs ; après quoi, nous
souhaitant réciproquement bon voyage ,
nous suivîmes deux chemins opposés, eus
vers le nord , nous vers le sud.
Nous mîmes trois jours entiers, pendant
lesquels il ne îious arriva rien de remarquable
, à gagner les borda tant désirés dit
Groote-Vish. Cette marche forcée avoit
considérablement fatigué nos porteurs et
nous-mêmes ; nous étions cruellement harassés;
je résolus, autant pour reprendre
haleine que pourvoir si je ne découvrirois
rien dans les environs, de passer tout le
lendemain sur les bords de cette rivière;
Nous étions actuellement sans inquiétude
relativement à l’eau; quoiqu’à la Vérité nous
n’en eussions pas manqué pendant les trois
jours que nous avions mis à chercher la rivière
qui devoit nous reconduire chez nous;
mais nous ne pouvions assigner précisément
le temps que nous employerions à suivre son
cours jusqu’à notre camp ; il étoit possible
que de hautes montagnes, et d’autres causes :
forçassent le Groote-Vish, avant de se jeter
à la mer, de former quelques coudes qui
nous auroient contraints à prolonger riotré
marche; Nous le remontâmes assez paisiblement
pendànt trois autres journées, mais
toujours en le côtoyant ; enfin , dans la matinée
du quatrième, nous reconnûmes la
montagne en table, dont nous avions vu le
revers dans les premiers jours de notre dé