ces détails à sa manière, et les accompagnoit
de remercîmens d’autant plus empressési
qu’ils tenoient davantage au malade par les
liens du sang ou de l ’amitié^
Ce ne fut que l ’après-midi du second jour
que cessa la procession, et que ces braves
Gonaquois prirent congé démon camp pour
retourner toufcà-fait à leur horde. Je ne pou-
vois ti'op leur,recommander-le malade;: je
leur; dis- que les soins qu’ils prendroient de
lu i étqient la marque d’affection et d’estime
qui me flatteroitle plus: je chargeai Narina,
en particulier, de lui remettre de ma part
une petite provision de tabac. Je fis, surtout,
à cette jeune sauvage quelques nouveaux
présens, et je la laissai partir.
J’avois peu fréquenté cette fille; mais l’attachement
qu’elle m’avoit inspiré étoit si
naturel et si simple, je m’étois si bien habitué
à ses manières , et je trouvois tant d’analogie
entre son humeur et la mienne, que
je ne pouvois me persuader que notre con-
noissance datât de si près, et qu’elle diit
finir si-tôt ; je croyois l ’admirer pour la dernière
fois d’autres projets, d’autres soins!
I l est temps d’observer que les femmes de
ce pays ne s’étoient point comportées avec
mes gens comme avoient fait précédemment
c e lle s de la rivière Gamtoos. Elles môn-
troient la plus grande retenue : des que leurs
hommes partoient, aucune d elles. ne res—
toit en arrière.
J’avoue que ces visites , un peu longues ,
un peu nombreuses et trop multipliées ,
commençoient a me deplaire; je craignois,
avec raison, qu’il n’en résultât du désordre
autour de moi, et que mon monde ne prît
goût à ces dissipations. Chacun déjà se relâ-
choit de sa besogne ; la chasse les intéressoit
beaucoup moins ; là danse occupoit tous
leurs momens. Les gens chargés de la conduite
et de la garde de mes bestiaux s’y prê-
toient à regret, et les laissoient se disperser
çà et là; d’autres s’étoient absentés la n u it,
et n’avoient reparu qu’au jour pour se reposer;
je crus qu’il étoit de ma politique de,
fermer les yeux sur ces petits, abus,, et de
ramener insensiblement tout ce monde au
devoir. Les chaleurs commençoient à deve-
■ nir insupportables; le soleil, dfprès avoir
repassé l’équateur, plongeoit à pic sur nous,,
et nous brûloit au point qu’i l eut été très-
dangereux de s’exposer au jour dans le fort
de. son ardeur ; ma tente même se changeoit