
Sparmann ajoute qu’il opéra la résurrection
clu malade.
La petite-vérole, qui a si souvent ravagé
les kraals hottentots des colonies, n’a jamais
paru qu’une seule fois chez les Gona-
quois; elle leur enleva plus de la moitié de
leur monde ; ils la redoutent au point, elle
leur /inspire tant d’horreur, qu’à la première
nouvelle qu’elle attaque une des colonies
, ils abandonnent tout et s’enfuient
dans le plus profond du désert ; malheur à
ceux de leurs malades qu’ils soupçonne-
roient en être atteints ! Convaincus qu’il
n’est aucun remède à ce fléau dangereux,
que ce soit un père, une épouse, un enfant,
peu importe, la v o ix du sang paroît se taire;
on les abandonne à leur malheureux sort;
privés de secours, il faut qu’ils périssent de
faim, si ce n’est des accès de leur mal.
Cette frayeur, bien naturelle à des peuples
sauvages, ne contredit point leur piété si
sainte et la pureté de leurs moeurs ; l ’image
de la dévastation de leurs hordes, toujours
présente à leur imagination, est bien faite
pour les porter un moment à l ’abandon des
plus sacrés devoirs ; mais on est révolté de
lire dans des auteurs anciens, et d’entendre
un voyageur moderne répéter d’après eux,
que les Hottentots, lorsqu’il leur prend fantaisie
de changer leur domicile, abandonnent,
sans pitié comme sans regret, leurs
vieillards et tout ce qui leur est inutile et
pourroit contribuer à retarder leur marche;
cette assertion ne doit pas être présentée
comme une règle, un usage général : à moins
qu’ils ne se trouvent dans une circonstance
aussi impérieuse et fatale que celle dont je
viens de parler, ou dans la guerre, quelles
raisons peuvent les contraindre à hâter plutôt
qu’à ralentir leur marche? Au reste, je
ne croirai jamais que le Hottentot en agisse
ainsi sans éprouver de longs et de mortels
regrets.
Attaqué par un ennemi supérieur, hors
d’état de repousser la force par la force, on
se disperse, on s’éloigne comme on peut,
et c’est dans ce cas le seul parti raisonnable
qu’on puisse prendre. On est bien forcé malgré
soi quand on est surpris par l’ennemi,
de laisser en arrière les vieillards, les malades,
les traîneurs, tout ce qui ne peut
suivre. Quel est l’homme assez mal instruit
des suites désastreuses de la guerre, pour
faire aux Hottentots un crime d’une néces