des éclaireissemens certains sur la préparation
du venin extrait des serpens ; c’est un
secret qu’ils se réservent obstinément : tout
ce qu’on peut assurer, c’est que l ’effet en est
très-prompt, et je n’ai pas manqué d’occasions
d’en faire l’expérience. J’inclinerois
pourtant à croire qu’en vieillissant ce poison
perd beaucoup de sa force, malgré l ’épreuv
e qui en a été faite au Jardin des Plantes,
et dont 011 garantit le succès ; mais tous ces
poisons, comme je le dis, ne se ressemblent
point ; celui qu’avoit rapporté M. de la Con-
damine à son retour du P é ro u , ne fait pas
loi pour l ’Afrique. A u reste, c’est une expérience
qu’il seroit facile de répéter publiquement
sous les y eu x de plusieurs savans,
puisque je possède dans mon cabinet, en-
tr’autres armes, un carquois garni de ses
flèches que j ’ai eu le bonheur d’enlever à
un Hottentot Bossis, dans une action où je
11’ai sauvé mes jours qu’aux dépens des
siens ; je raconterai cette histoire en son
temps.
Les arcs sont proportionnés aux flèches ,
et n’ont que deux pieds et demi, ou tout au
plus trois de hauteur; la corde en est faite
avec des boyaux.
La sagaye est ordinairement une arme
bien foible dans la main du Hottentot ;
mais, en outre , sa longueur la rend peu dangereuse
: comme an la voit fendre l’a ir , il est
aise de l’éviter. D ’ailleurs, au-delà de quarante
pas celui qui la lance n’est plus sûr de
son coup, quoiqu’on puisse l’envoyer beaucoup
plus loin ; c’est dans. la mêlée seulement
qu’elle peut être de quelqu’utilité;.elle
a la forme d’une lance comme la sagaye de
tous les pays ; mais destinée à être jetée à
l ’ennemi ou au g ib ie r , le bois de celle
d’Afrique est plus léger, plus foible et va
toujours en diminuant d’épaisseur jusqu’à
l’extrémité opposée au fer.
L ’usage de cette arme est mal-entendu ; carie
guerrier qui s’en sert avec le plus d’adresse,
est aussi le plutôt désarmé. Les Gonaquois
et tous les autres Hottentots n’en portent jamais
qu’une, et l ’embarras qu’en général elle-
leur cause, ainsi que le mauvais parti qu’ils
en tirent,, fait assez connoître qu’elle n’est
pas leur défense fa vo rite , d’où l ’on peut
conclure que l’arc et ses flèches sont l ’arme
naturelle et propre du Hottentot. J’en ai vu.
quelques-uns plus habiles à lancer la sagaye;
mais le plus grand nombre n’y entend rien*