
pendant la nuit; je retournai au nid dès que
le jôur fut ven u , mais je trouvai la place
entièrement balayée, si ce n’est de quelques
coquilles éparses qui dénotoient assez que
nous avions apprêté un bon repas à quelques
jakals ou même à des hiènés.
Cette particularité, touchant les moeurs
de l’autruche, dont la femelle se réunit avec
plusieurs autres pour l’incubation dans un
même nid, est d’autant plus faite pour éveiller
l ’attention du naturaliste, que n’étant
point une règle générale, elle prouve que
les circonstances peuvent quelquefois déterminer
les actions de ces animaux et modifier
leurs sentimens ; ce qui tendrait à
rehausser leur instinct, en leur donnant
une prévoyance plus réfléchie qu’on ne la
leur accordé ordinairement ‘ n’e s t- il pas
probable que ces animaux s’associent pour
être plus en force et défendre mieux leur
progéniture? J’aurai occasion de revenir là-
dessus dans la description que je donnerai
de rautruche ; j ’ose me flatter qu’on ne lira
pas sans intérêt des récits simples et véridiques,
qui contiendront plutôt une peinture
des moeurs et des habitudes des animaux,
que les détails fastidieux et trop souvent
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répétés des couleurs, du nombre de plumes,
des mesures, des dimensions exactes de
toutes leurs parties; énumérations ridicules,
qui n’offrent pas plus de variété entre les
espèces, qu’elles ne montrent de différences
dans les caractères.
En revenant du nid au camp mes chiens
firent lever un liè v re , et le lancèrent ; je le
suivis au galop, et le vis disparoître dans
les cavités d’un petit monticule qui se trou-
voit sur sa route : je m’entêtai à sa recherche
, et je parvins a deviner le lieu précis
de sa retraite ; il étoit entré dans une de ces
Cafités par un trou que je bouchai; on dérangea
les pierres et les gravats qui for-
moient la petite élévation; je ne peindrai
point l’étonnement qui me saisit lorsque je
reconnus que c’étoit un tombeau hotten-
j ÿy trouvai mon lièvre blotti dans un
squelette; je le.pris vivant et remportai;
mais dans un moment où mes chiens , occupes
ailleurs, ne pouvoifent m’appercevoir,
par un mouvement de générosité, et comme
si j’eusse dédaigné de donner la mort à ce
foible animal autrement qu’âvec l ’arme usitée
de la chasse, je lui rendis la liberté:
cette action fut interprétée par mes gens