avec m o i, puisquejene devois compter tout
au plus que sur huit hommes pour m’accompagner
dans mon voyage en Caffrerie :
il me falloit quelques boeufs de charge ; je
n’en avois qu’un seul qui fût accoutumé «à
cet exercice; nous arrangeâmes un échange,
et je promis de l ’effectuer aussi-tôt que je
serois de retour chez moi.. Tout cela fut
l ’affaire d’un moment; malgré les vives instances
du chef et de tous ceux de la horde
que je trouvai au k ra al, je résolus de les,
quitter aussi-tôt,et je prétextai mille affaires
auprès des miens .'je ne sais quelle tristesse
s’étoit emparée de mon ame ; je ne revoyois
point ce séjour du même oeil que par le
passé; j’étois contrarié de toutes manières.
Les obstacles sembloient s’accroître à chaque
pas. Je me sentois épuisé de fatigues....
Avant de quitter Haabas, je n’oubliai pas de
lui demander des nouvelles de l ’infortuné
malade : je ne voulus point le révoir ; on
m’assura que tous les soins qu’on lui avoit
jusqu’à ce moment prodigués, n’avoienl
abouti qu’à entretenir autour de lui la pror
prêté, mais que ses douleurs n’avoient point
diminué, et qu’enfin on désespéroit de sa
vie. Je demandai des n#uvelles de la jeune
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ISFarina; elle étoit absente avec sa mère : je
soupçonnois que quelqu’un de la horde
s’étoit détaché pour aller la chercher, je
n’en fus que plus empressé qje partir; je
saluai Haabas, et je rejoignis mon camp.
De retour dans ma tente, je fis approcher
mes gens l ’un après l’autre, et je voulus savoir
de leur propre bouche les intentions de
chacun, afin de découvrir s’il n’y avoit
point parmi eux quelques mutins qui soufflassent
la' zizanie et l’esprit d’insurbordi-
nàtion. Leurs réponses furent uniformes ; ils
appuyaient leur résistance de la seule frayeur
où les jetoit ma témérité; quelqu’htimeur
que je ressentisse de cette désobéissance,
quelques désagrémens qui dussent en être
la suite, je n’eus pas même la force de les
réprimander ; trop de motifs combattoient
pour eux dans mon coe ü r , et je sentis
que je leur étois encore trop fortement
attaché ; nul autre dessein ne jés avoit
Séduits ; la peur avoit seule dérangé leurs
têtes ; ils ne Vouloient point, disoient-ils,
aller dans un pays d’où l’on n’avoit jamais
Vu revenir ni blancs ni Hottentots; je leur
recommandai du moins de me rester fidèles,
et qu’en mpff absence ils n’oubliassent point