tion n’étoit pas de commencer moi-même
les premiers actes d’hostilités ; mais, déterminé
à attendre l ’ennemi de pied ferme, je
l ’étois encore à le repousser de tout mon
p ou vo ir, et j e dé vois m’y préparer.
J’avoue que je n’étois pas tranquille, non
que je craignisse l ’événement d’un combat;
mes armes me donnoient trop de confiance
dans ma supériorité; mais j ’eusse été désespéré
de mp vo ir contraint à en venir aux
mains avant de m’être expliqué. P a r -là , je
ruinois toutes mes, espérances; les intentions
pacifiques que j’avois annoncées, et
qui pouvoient seules me mériter la faveur
de parcourir en liberté toute la Caffrerie, se
trouvant démenties par ces actes hostiles , je
rentrois dans la classe des colons, ces vils
assassins des sauvages, et n’allois plus être
regardé que comme un ennemi de plus, dont
il falloit exterminer toute la caravane.
Tout en. faisant mes préparatifs, une foule
de réflexions contraires s’entrechoqùoient
dans mon esprit; j ’en fus tout d’un coup
distrait par une décharge, qui fut pour tout
mon camp un signal de joie; d’après la consigne
que j ’avois donnée à Klaas, il n’étoit
pas douteux qu’il n’eût reconnu mes gens.
e n A f r i q u e 1gi
Cependant un reste de frayeur inquiétoit
encore mon monde, et j ’eus toutes les peines
imaginables à les rassurer entièrement • les
trois gardiens de mes troupeaux, sur-tout,
affirmoient que dans la troupe des Caffres
ils n avoient pas apperçu un seul Hottentot :
cest ainsi que, passant tout-à-coup de l ’espoir
a la crainte, iis répandoient à présent
que les coups de fusil qu’on venoit d’entendre
n’annonçoient que trop une action
et que Klaas étoit aux prises avec l ’ennemi.
Mais, à deux ou trois cents pas de nous
au détour d’une petite colline, je vis débout
e r Klaas lui-même: il étoit seul. Je distinguai
facilement, à l ’aide de ma lunette
et son maintien*tranquille? et j usqu’aux traits
de son visage; il ne paroissoit avoir rien
d’effrayant à nous annoncer ; j ’en fus convaincu,
lorsque j ’eus apperçu, quelques minutes
après, toute la troupe qui, défilant
par le même chemin, s’avançoit paisiblement
et en bon ordre vers notre camp. Mes
Hottentots mêlés parmi les Caffres, an-
nonçoient la bonne intelligence ; je reconnus
Hans;ils approchoient de plus en plus. Je
fis mettre bas les armes,.et recommandai à