
place, fort commode et très-connue des sauvages,
restoit vacante, et que la horde de
ceux-ci étoit fort nombreuse. Pour ne pas
nous trahir nous-mêmes, je défendis de tirer
un seul coup de fusil sur le gibier; je lis
dresser ma tente, allumer du feu, et nous y
restâmes autour, fort avant dans la nuit-
après quoi, pour tromper l’ennemi à la parole
de qui je ne me fiois qu’ave.c prudence,
lorsque j’eus fait jeter de nouvelles.branches
dans ces feux pour l’alimenter jusqu’au jou r,
nous allâmes nous établir et nous coucher
sur des nattes, à cinquante pas plus loin.
Notre sommeil ne fut point interrompu.
Le lendemain , Hans se détacha avec deux de
mes Hottentots bien armés pour aller en
avant ; je leur donnai rendez-vous à deux;
lieues plus lo in , c’est-à-dire à une lieue de
ce kraal, et leur dis de venir aussi-tôt m ’y
rendre compte de,ce qu’ils auroient vu. Ils
furent de retour à deux heures, et m’apprirent
, avec un étonnement mêlé de douleur,
qu’ils l’avoient effectivement trouvé en fort
bon état, mais qu’il étoit, comme les autres,
absolument déserté ; alors je continuai ma
route jusques-là, et nous prîmes possession
de ce nouvel empire. I l étoit ample et vaste\
nous trouvâmes plus de cent huttes très-
anciennes et solidement construites ; elles
étoient espacées à la manière ordinaire , il
étoit probable que les habitans avoient pris
l’alarme mal-à-propos : nous n’apperçûmès
aucun débris et pas un seul cadavre. Ils
avoient oublié, dans une de ces huttes, deux
pagayes dont le fer étoit rouillé, et, dans une
autre, un petit tablier de femme, des outils
de bois pour le labourage, et quelques bagatelles
de peu de Conséquence : je m’emparai
de ces divers objets. Les petits champs de bled
n’offroient point, cômmedans le premier
kraâl où nous nous étions arrêtés, l ’image
de la désolation et du malheur ; il paroissoit
au contraire que la récolte en a voit été paisiblement
enlevée ; nous décidâmes que nous
nous arrêterions là pendant deux ou trois
joutra, afib de distribuer au loin quélques
patrouilles, et de voir si daiis les environs
nous ne découvririons point quelques Caf-
fres. Je savois fort bien qu’en tirant directement
au nord, je tombois dans le centre de
la Càlïrerie; c’est ce que je voulois éviter
sans cesse, préférant de gauler peu à peu
par de longs circuits, et de ne me hasarder
qu’en proportion des dangers que j’apper