V o y a g e
pouvoit les inculper, que ce qui pouvoit
leur faire honneur. Mes Hottentots eux-
mêmes les trouvoient si paisibles et si con»
fians, qu’ils m’engagèrent, lorsque la nuit
fut venue, à leur permettre de rester tous
au miüeu de nous. Je conversai encore quelque
temps avec eux, et j’allai m’enfermer
dans ma tente afin de me disposer aux fatigues
du lendemain,
Dès que le jour fut v en u , tandis que les
Caffres faisoient les préparatifs de leur départ,
j ’assemblai mes Hottentots ; les réflexions
que cette familiarité avec des sauvages
qu’ils redoutent plus que les bêtes féroces
mêmes, les avoit mis à portée de faire;
leurs discours entr’e u x , lorsque je m’étois
retiré dans ma canonnière, avoient achevé
de me déeider. Ne voulant point leur laisser
le mérité du parti le plus sage que nous eussions
à prendre dans les circonstances présentes
, mais, au contraire, très-jaloux qu’ils
prissent dè moi des idées de prudence et de
sang-froid, utiles à mes projets quels qu’ils
fussent dans la suite, je leur dis qu’après ce
qu’ils avoient o u ï, comme m o i, la veille , •
sur les difficultés de pousser plus lo in , sur
les risques d’être assailli par les Tamboukis
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et les Bossismans qui parcouraient la Caffre-
rie,mon intention étoit de me rapprocher
de Koks-Kraal ; qu’en conséquence, si nous
dirigions notre route droit à l ’ouest, nous
ne pouvions manquer la rivière Groote-
Vish ; qu’alors , en la remontant, suivant
les apparences , plusieurs jours , nous devions
immanquablement nous revoir bientôt
dans notre camp ; qu’au surplus chacun
pourroit dire librement ce qu’il pensoit de
ma proposition. Je voyois trop sur les visages
de tout mon monde le plaisir qu’il en
ressentait pour n’être pas sûr de le trouver
démon avis; et l ’on me fit unanimement les
honneurs d’une idée à laquelle ils avoient
tous autant de prétention que moi. J’observerai
ici que je ne pouvoisplus espérer d’accroître
ma collection, que je ne sa vois plus
où placer, tant elle étoit volumineuse.
Je déclarai ensuite qu e , rendus à K ok s-
Kraal , je n’y ferois d’autre séjour que celui
qui serait nécessaire pour réparer nos équipages
et nous mettre en route vers les mon-
| tagnes de Neige, de-là retourner au Cap, en
passant encore plus à l ’ouvest. Je savois que
ce plan n’étoit du goût de personne, parce
que , traversant ces déserts arides et dé