leurs habillemens, à la y é r ité , ne sont quë
des dépouilles d’animaux privés ou sauvages
; mais, comme je l’ai fait v o ir , ils ne
négligent pas, ainsi qu’on a voulu le faire
accroire, le soin de les purger et de les apprêter
avant de s’en faire des vêtemens.
LeHottentot n’est ni pauvre n i misérable;
il n’est pas pauvre, parce que, ses désirs ne
passant point ses connaissances qui sont
très-bornées , il ne sent jamais l’aiguillon
de la nécessité ; la misère est un point de
comparaison qu’il ne conçoit pas ; une parfaite
uniformité et les mêmes ressources
rendant le sort de tous parfaitement égal,
quand l’abondance règne, ils sont tous heureux.
Dans la disette, ils ont tous des privations;
l’opposition révoltante de la richesse
portée sur un char d’or, et de la misère qui
traîne ses haillons dans la boue, ne sanroit
affliger son coeur ; c’est une idée qu’il ne
comprend* pas : le spectacle de l ’indigence
aux abois, ce supplice des ames compatissantes,
ne se reproduit point à ses yeux sous
mille formes lugubres; c’est une mortification
que l ’homme sauvage n’essuie jamais;
si l’homme social s’y habitue avec le temps,
s’il- parvient à ce degré d’endurcissement
qui lui fait traiter d’optimisme cette inégalité
des conditions si révoltante et si désastreuse,
ce n’est plus un enfant avoué de la
nature ; elle le méconnoît, le repousse; honteuse
de son propre ouvrage qu’ont défiguré
d’autres mains.
Après avoir interrompu si long-temps Je
fil des petits évenemens de mon vo yage,
pour établir une fois des apperçus certains
sur ces Hottentots trop peu connus jusqu’à
nos jours, il manqueroit quelque chose aux
éclaircissemens que j ’ai donnés, si je ne
parlois pas d’une espèce particulière qu’on
pourroit appeler composite> et qui ne date
tout au plus que d’un siècle; je ne crois point
qu’ancun voyageur en ait fait mention. Cette
nouvelle espèce, un jou r , en effacera d’anciennes,
et l’époque de sa puissance amènera
sans doute de grands changemens dans la
colonie, et hâtera sa ruine. La multiplication
de ces individus , qui peut devenir infinie
, devrôit alarmer la politique des Hollandais;
mais elle dort et semble se soucier
fort peu des conséquences funestes de son
inertie.
Je v eux p arler des enfans naturels provenus
du mélange des blancs avec les-femmes.