mes gens, accourant pour me dire qu’il avoit
apperçu une troupe de Caffres en marche.
Aussi-tôt il nous conduisit, Hans et moi, par
des détours, et nous mit à portée de nous
instruire, par nos y e u x , de çe que- ce pou-
voitêtre. Nous vîmes, en effet, dix hommes
qui conduisoientpaisiblementquelques bêtes
à cornes ; n’ayant rien à craindre d’un si
petit nombre, nous nous présentâmes à une
certaine distance : le premier mouvement
de ces gens, effrayés sur-tout par nos armes
à feu , fut de prendre la fuite ; mais Hans
leur priant, dans leur langue, qu’ilà pou-
yoient s’approcher ayep confiance, les fit
arrêter sur-le-phamp. I l se détacha pour
aller leur parler, Lorsqu’il les eut convaincus
que j’étois l’ami des Çaffres, ils approchèrent
tous : je les reçus familièrement et
leur présentai la main en les saluant d’un
tabé pleur frayeur disparut à la vue de ma
barbe ; ils avoient ouï parler de moi par
ceux que j ’avois reçus dans mon camp de
Koks-KraaL L ’un d’eux étoit de la connois-
sance de Hans, qui l’a voit vu dans son pays,
Je les ramenai tous à mon campement avec
leurs bestiaux, et je les régalai de tabac et
d’eau-de-vie ; ils me montroient mon jpavillon
pour me faire comprendre qu’ils
étoient bien instruits ; ils s’étonnoient de ne
point voir mes voitures et toute ma troupe;
mais ne voulant pas qu’ils sussent à quel
point ils étoient redoutés des Hottentots, je
leur fis entendre que j’avois voulu faire seulement
une petite tournée dans leur pays,
pour y prendre langue, et le parcourir ensuite
plus à mon aise.
Ils me parurent empressés de savoir où se
trouvaient actuellement les colons, s’ils les
çherchoient encore , en un mot, quelles
pouvaient être leurs intentions, Je les instruisis
là-dessus comme il convenoit que je
le fisse. J’avois vu les colons retirés tous au
Bruyntjes_Hoogte, s’y tenir sur la défensive,
et agités de terreurs non moins fortes que
les Caffres mêmes. C e u x - c i venoient de
m’apprendre que, pour regagner les hordes
de leurs nations les plus voisines, il leur
falloit encore , de l ’endroit où j’étois, cinq
grandes journées de marche : ainsi, calculant
la distance qui les séparoit les tins des
autres, et que je portais à-peu-près à une
soixantaine de lieues, je pouvais, sans les
tromper, diminuer leur crainte, et leur faire
entendre que les colons n’étoient ni en état