
moindre tentative eut causé leur perte; mais
je n’en redoublois pas moins de précautions
et de sévérité, autant pour forcer mes gens
à continuer leurs devoirs, que pour ôter à
mes hôtes toute idée d’attaque et la facilité
de me tendre des pièges. Si j’excepte deux
chasseurs que j’envoyois régulièrement tous
les jours à la provision, et quatre autres
hommes qui gardoient le troupeau sur les
pâturages , le reste ne s’ecartoit point hors
de v u e , moi-même je me tenois assidûment
au camp; je passois des journées entières
au milieu desCaffres, conversant avec
eux, et me faisant expliquer par l ’interprète
commun, leurs réponses aux différentes
questions que faisoit naître à tous momens
le désir de m’instruire, et de recevoir des
détails exacts sur cette nation, moins connue
encore que celle des Hottentots. L ’embarras
et les difficultés de la traduction absorboient
à la vérité beaucoup de temps; les coniiois-
sances de chaque jour arrivoient lentement,
et la somme n’en étoit pas bien volumineuse
; j’employai à ces conversations pénibles
une semaine entière, et ne voyant
enfin que franchise et bonhomie de part
et d’autre, convaincu qu’ils agissoient natutellement
et sans détours avec moi, je me
gênai beauCbup moins; je diminuai quelque
chose de ma réserve, et forçai, tout mon
monde a se mettre a son aise avec eux.
Bientôt aussi plus d’habitude de îeur langage
rendit nos entretiens plus intéressans;
je commençois a me faire comprèndre, et je
les entendois mieux encore.
Ils ne cessoient de me conjurer de les
suivre dans leur pays ; ils revenoient continuellement
a la charge sur ce point : vingt
fois on m’avoit répété tout ce que m’avoit
appris d’engageant mon interprète à son arrivée;
je n’étois que trop empressé de me
rendre à ces invitations séduisantes ; mais
mon intention n’avoit jamais été de partir
avec e u x , on en verra bientôt la raison. Je
m’excusai en leur disant qu’il ne m’étoit pas
possible de me mettre en marche aussi-tôt
qu’ils paroissoient le desirep; j puis, les examinant
tous avec beaucoup d’attention, j’ajoutai
que ne connoissant point leur pays par
moi-même, on m’avoit informé qu’il étoit
rempli de montagnes et de bois difficiles à
traverser; qu’ainsi je ne conduirais point
mes voitures et mes boeufs avec moi; cette
déclaration ne parut pas les affecter; et, par
il