de leur sexe, un auteur moderne a avancé
que cette singularité ii’étoit antre chose
qu’un prolongement considérable des nym-
pheà, ce qui avoit mal-a-propos répandu
cette croyance : il a présenté ce tablier presque
coiùme une infirmité occasionnée, soit
par la-vieillesse et la chaleur dü climat * la
vie inactive et l ’usage des graisses, &C; je ne
finirais pas si je voûtais entasser toutes les
objections qui naissent d’elles-mêmes pour
renverser ces assertions ; il en est une seule
qui vient s’offrir d’abord à l’esprit, et que
le lecteur se sera faite aussi bien que moi-»
pourquoi la chaleur du climat, la vie inactive
, et l’usage des graisses agissant à-peu-
près an même degré d’habitude et de force
sur toutes les contrées de cette portion de
l ’A fr iq u e , quelques hordes particulières se
verroient-elles sujettes à cette infirmité?
Pourquoi ne seroit-elle pas départie à toutes
les Hottentotes ? On sait tro p , au Cap et
dans les colonies, qu’il ne leur arrive rien
de semblable, quelle que soit leur conduite
à quelque manière de viv re qu’elles se livrent
, à quelques dangers qu’elles s’exposent
: ne cherchons point à tordre nos imaginations
sur cette bizarrerie qui, pour être
rare, n’a rien ¿ ’extraordinaire ; et n’allons
pas expliquer corume un phénomène l ’ouvrage
du caprice et de la mode. Oui, lecteur
, ce fameux tablier n’est qu’une mode,
Une affaire de goût, je ne dirai pas dépravé ;
les signes de la pudeur n’en sauroient constituer
1 essence; mais original, mais extravagant,
mais, si l’on v eu t, absurde, et tel
que sa seule vue suffirait au plus monstrueux
libertin pour chasser de son esprit
toute idée d’une atteinte profane ; e t , trompant
d’une façon nouvelle et trop claire le
raffinement de ses besoins, feroit succéder le
rire le plus inextinguible aux transports de
la passion la plus effrénée.
Je voulais être modeste : il faut être vrai >
je ne consens point à détacher de mon livre
ces traits curieux de mon voyage ; e t , puisque
ma Hottentote a bien voulu faire le
sacrifice de sa pudeur au progrès de mes études
, nne plus longue retenue ¿e ma part, à
la fin , passerait pour une discrétion puérile;
le scrupule sied mal où la nature n’a point
placé la honte*
Le tablier naturel n’est en effet, comme le
dit mon auteur, qu’une prolongation, non
pas des nymphes, mais des grandes lèvres