
Comme ces aigles ne muent que tous les quatre ou cinq ans,
il arrive que le mélange graduel des plumes neuves avec les
vieilles plumes usées ou décolorées occasionne chez eux des
différences de couleurs mais jamais le plumage de cette espèce
n’est marqué de taches oblongues blanchâtres ou rousses,
comme cela a lieu chez beaucoup d’individus de VAquila
nævia.
D’après les observations et les riches matériaux fournis par
M. Am. Alléon, quia tué des centaines d’aigles à Constantinople,
M. Vian a prouvé, dans une série d’intéressants articles publiés
dans la Revue zoologique en 1867, 1869, 1870 et 1872, que
1° VAquila clanga de Pallas, contrairement à l’opinion de l’auteur
lui-même, n’est pas identique à 1 'Aq. nævia (aigle tacheté
des auteurs français); 2” cet aigle aux formes massives, qui
chaque printemps fait à Constantinople un passage extrêmement
abondant, ne diffère pas spécifiquement du Falco nævioïdes,
Guv. (Aquila rapax, Temm.)r de l’Afrique. Or, de notre côté,
nous pensons que le plus commun des aigles de Mongolie, qui
visite aussi fréquemment le nord-ouest de la Chine, ne forme
qu’une seule et même espèce avec l’Aigle ravisseur ou criard des
auteurs français (A. clanga, Pall.); malgré notre bonne volonté,
nous ne pouvons trouver aucune différence de formes ou de
couleurs entre les oiseaux de l’extrême Orient et ceux de la
Turquie; quant à la taille plus forte, sur laquelle M. Swinhoe
s’est fondé pour établir son Aq. amurensis, nous trouvons
qu’elle n’est pas constante; car la collection de M. Alléon renferme
une femelle d'Aq. clanga mesurant 0m,80, taille que ne
dépassent pas les aigles tués par nous dans la Mongolie ni ceux
du bassin du fleuve Amour.
L’Aigle criard est connu des Chinois sous le nom de lloang-
chou-tiao [aigle-des-rats-jaunes), parce qu’il se nourrit surtout de
ces petits mammifères (Gerbillus), ainsi que de Spermolegus,
Dipus, Lagomys et Cricetus, qui abondent sur les hauts plateaux
de la Mongolie. Ces oiseaux aiment les steppes et les montagnes
découvertes ; et, bien que quelques-uns d’entre eux habitent la
Mongolie et le nord de la Chine d’une manière permanente, ce
n’est qu’au printemps qu’ils commencent à y être abondants :
ils passent alors en grand nombre et se dirigent vers le Nord.
13. — AQUILA NÆVIA
Aquila hævia, Brisson (1760), Orn., I, 423. — Goüld (1837), B. of Fur., pi. 8.
— Aq. hastata, Less. (1834). Voy. Bélang., 217. — Sliarpe (1874), Cotai, of Accip.,
I, 248. — Aq. maculata, Dresser (1874), Ann. N. H., XIII, 373.
Dimensions. Long, totale (femelle tuée à Pékin), 0m,70 ; le bout de l’aile
fermée arrive à celui de la queue. Formes délicates ; bec, tarses et doigts
relativement minces ; plumes du cou très-acuminées ; narines arrondies.
Couleurs. Iris jaunâtre ; cire et doigts jaunes ; bec brun. — Plumage
d’un brun lustré, à reflets pourpre avec des taches jaunâtres à la nuque, aux
tectrices alaires, à la poitrine et aux jambes, ainsi qu’au bout de la queue
qui est traversée de bandes grisâtres ; sus-caudales terminées de blanchâtre,
Telle est la livrée dont sont revêtus deux sujets tués à Pékin et deux
autres envoyés de Cochinchine par M. Germain. Ceux-ci ne nous paraissent
différer en rien du petit aigle que l’on prend dans l’Europe méridionale et
qui est bien connu en France sous le nom d’Aigle tacheté.
Le plumage de cet aigle varie beaucoup, certains individus conservant
toujours leurs taches, tandis que d’autres n’en ont jamais eu. D’ordinaire le
plumage devient grossier en vieillissant et revêt une teinte fauve ou grisâtre,
et par la disparition totale des taches prend beaucoup de ressemblance avec
celui de l'Agé clanga ; mais la gracilité du bec et des pattes et surtout la
forme arrondie (et non elliptique) des narines, le distinguent facilement de
cette dernière espèce.
A cause de ses petites taches sur l’aile, l’Aigle tacheté porte
à Pékin le nom de Djeuma-tiao (aigle à grains de sésame) : c’est
le plus rare des aigles, de la Chine, où je n’en ai vu que trois
sujets, tandis qu’il parait être assez commun dans la Cochin-
chine.
14. — SPIZAETUS N1PALENSIS
Nisaetus hipalensis, Hodgs. (1836), J. A. S. B., 229, pl. 7. — SpizAetus oriek-
talis, T. et Schl||l850), F. J., plfe.
Dimensions. Long, totale, 0m,70; queue simple et carrée, 0ra,27 ;
aile, 0m,4S; tarse, 0m, 12, emplumé jusqu’aux doigts qui sont fort grands.
L’oiseau adulte porte à l’occiput une touffe de plumes de 8 centimètres de
long.
Couleurs. Iris jaune verdâtre ; cire blanchâtre, bec noir, doigts jaunâtres.
— Plumage brun en dessus, plus foncé sur la tête et sur la huppe
dont l’extrémité est tachée de blanc ; gorgé blanche avec une. large raie