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masse des Poiriers dits à cidre, qui se distinguent par la saveur
acerbe du fruit, indépendamment des caractères de la feuille.
Les descriptions des Grecs et des Romains sont trop imparfaites
pour qu’on puisse constater s’ils possédaient cette espèce.
On peut le présumer cependant, puisqu’ils faisaient du cidre fe
P o ir ie r de Chine. — Pyrus sinensis Lindley
J ’ai déjà mentionné cette espèce, voisine du Poirier commun,
qui est sauvage en Mongolie et Manchourie ^ et qu’on cultive
soit en Chine soit en Japon.
Son fruit, plus beau que bon, est employé pour compotes. O
est trop nouveau dans les jardins européens pour qu’on ait cherché
à le croiser avec nos espèces, ce qui arrivera peut-être sans
qu’on le veuille.
Pommier. — Pyrus Malus, Linné.
Le Pommier se présente à l’état sauvage dans toute l ’Europe
(à l ’exception de l’extrême nord), dans PAnatolie, le midi du
Gaucase et la province persane de Ghilan Près de Trébizonde,
le botaniste Bourgeau en a vu toute une petite forêt Dans les
montagnes du nord-ouest de l ’Inde, il paraît sauvage (apparently
wild), selon l ’expression de sir J . Hooker, dans sa flore
de rinde anglaise. Aucun auteur ne le mentionne en Sibérie, en
Mongolie ou au Japon
En Allemagne, on trouve deux formes spontanées, l ’une à
feuilles et ovaires glabres, l ’autre à feuilles laineuses en dessous,
et Koch ajoute que cette pubescence varie beaucoup fe En France,
des auteurs très exacts signalent aussi deux variétés spontanées,
mais avec des caractères qui ne concordent pas complètement
avec ceux de la flore d’Allemagne fe Cette diversité s’expliquerait
si les arbres spontanés dans certaines provinces proviennent de
variétés cultivées, dont les pépins auraient été dispersés. La
question qui se présente est donc de savoir jusqu’à quel degré
1. Palladius, De re rustica, 1. 3, c. 25. On employait pour cela « P im
sylvesù'ia, vel asperigeneiHs. «
2. Le Coignassier'de Chine avait été appelé par Tliouin Pyrus sinensis.
Malheureusement Lindley a donné le même nom à un véritable Pjnus.
3. Deeaisne [Jardin fruitier du Museum, Poiriers, pl. 5) a vu des échantillons
de ces deux pays. MM. Franchet et Savatier l’indiquent, au Japon,
seulement comme cultivé.
4. Nyman, Conspectus floræ europeæ, p. 240; Ledebour, Flora x'ossica,
2, p. 96; Boissier, Flora orient., 2, p. 656; Deeaisne, Nouvelles Arch. Mus.
10, p, 153.
5. Boissier, l. c.
6. Maximowicz, Primitiæ ussur. ; Regel, Opit flori, etc., sur les plantes de
rUssuri, de Maak; Schmidt, Reisen Amur; Franchet et Savatier,, Enum.
Ja p ., n ’en parlent pas. Rretschneider cite uu nom chinois qu'il dit s’appliquer
à d’autres espèces.
7. Koch, Synopsis f l. g o 'm ., I. p. 261.
8. Boreau, Ftoiæ du centre de la Finance, éd. 3, vol. 2, p, 236.
l ’espèce est probablement ancienne et originelle en divers pays,
et s’il n’y apas une patrie plus ancienne que les autres, etendue
graduellement par des semis accidentels de formes altérées par
des croisements et par la culture.
Si l ’on demande dans quel pays on a trouvé le Pommier avec
l ’apparence la plus indigène, c ’est la région de Trébizonde au
Ghilan qu’il faut citer. La forme qu’on y rencontre s a u v / e e /
à feuilles laineuses en dessous, à pédoncule court et iruit doux ,
qui répond au Malus communis de France, décrit par Boreau.
Voilà un indice que la patrie préhistorique s’étendait de la mer
Caspienne jusque près de l ’Europe.
Piddington citait, dans son Index, un nom sanscrit pour le
Pommier, mais Adolphe Pictet ^ nous apprend que ce nom
Seba, est industani et provient du persan Seb, bef. L absenee
de nom plus ancien dans ITnde fait présumer que la culture,
actuellement fréquente, dans le Gachemir et le Thibet et surtout
celle dans les provinces du nord-ouest ou du centre de 1 inae
sont plus anciennes. Le Pommier n’était probablement connu
q u e des Aryas occidentaux. ,
Ceux-ci ont eu, selon toute probabilité, un nom base sur Au,
A f A v , Ob, car on remarque ce radical dans plusieurs langues
européennes d’origine aryenne. Ad. Pictet cite : en irlandais
Aball, ü b h a l;en cymrique, A fa l; en armoricain, AvM; en ancien
allemand, A p h a l;e n anglo-saxon, Appel; en Scandinave, A p / .
enlithuanien, Obolys; en ancien slave, labluko; en russe,/a/o/io.
H semble, d’après cela, que les A r y / o / id e / a u x , ayant trouve
le Pommier sauvage ou déjà naturalisé dans le nord de 1 Europe,
auraient conservé le nom sous lequel ils le connai/ment. Les
Grecs ont dit Mailea ou Maila, les Latins Malus, Malum, mots
d’une origine fort incertaine, dit Ad. Pictet. Les Albanais, qui
remontent aux Pélasges, disent Molé fe Théophraste mentionne
des Maila sauvages et cultivés. Je citerai enfin un nom t o / p a i ;
ticulier des Basques (anciens Ibères?), S a g ara, qui fait supposeï
une existence en Europe antérieure aux invasions /y en n e s
Les habitants des « terramare » de Parme et des priafiHe&
des lacs de Lombardie, de Savoie et de Suisse faisaient giand
usage des pommes. Ils les coupaient toujours en long et les conservaient
desséchées, comme provisions pour 1 hiver. Les échantillons
sont souvent carbonisés, à la suite d'mcendies, mais on
reconnaît d’autant mieux alors la structure interne du fruit.
M Heer fe qui a montré une grande sagacité dans f observation
de ces détails, distingue dans les pommes des lacustres su is s / ,
d’une époque où ils n’avaient pas de métaux, deux vaiietes
1. Boissier, l. c. . , anr
2. Ad. lAciel, Diùgines indo-eio'opeennes, 1, p. 27b.
3. De Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 64
4*. Théophraste, De çausis. 1. 6, cap. 24.
5. Heer, Pfahlbauten, p. 24, f. 1-7.
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