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contribué à éliminer ces formes analogues ^ , regardait le
R. sativus comme originaire d’Orient, peat-étre de Chine. Linné
supposait aussi une origine chinoise, du moins quant à une
variété qu’on cultive en Chine pour extraire l ’huile des graines 2.
Plusieurs flores du midi de l’Europe mentionnent l ’espèce comme
subspontanée ou échappée des cultures, jamais comme spontanée.
Ledebour avait vu un échantillon recueilli près du mont
Ararat. Il en avait semé les graines et vérifié l’espèce Cependant
M. Boissier fe en 1867, dans sa flore d’Orient, se borne à
dire : « Subspontané dans les cultures de l ’Anatolie, près de
Mersiwan (d après Wied), en Palestine (d’après lui-même), en
Arménie (d’après Ledebour) et probablement ailleurs », ce qui
ressemble aux assertions des flores européennes. M. Buhse ^
cite une localité, les monts Ssahend, au midi du Caucase, qui
paraît devoir être assez en dehors des cultures. Les flores récentes
de l Inde anglaise® et l ’ancienne flore de Gochinchine de Loureiro
indiquent 1 espèce seulement comme cultivée. M. Maximowicz
1 a vue dans un jardin du nord-est de la Ghine \ Thunberg en
parle comme d’une plante généralement cultivée au Japon et
croissant aussi le long des chemins ® ; mais ce dernier fait n’est
pas répété par les auteurs modernes, probablement mieux
miormés
Hérodote {Hist., 1. 2, c. 125) parle d’un radis, qu’il nomme
8urmaia, doni une inscription de la pyramide de Ghéops mentionnait
1 emploi par les ouvriers. Unger a copié dans l ’ouvrage
de Lepsius deux figures du temple de Karnak, dont la
premiere tout au moins paraît représenter le radis.
D après cela, en résumé : 1® l’espèce se répand facilement hors
des cmtures dans la région de l ’Asie occidentale et de l ’Europe
méridionale, ce qui n’est pas mentionné d’une manière certaine
dans les flores de l ’Asie orientale; 2® les localités au midi du
Caucase, sansàncbcation de culture, font présumer que la plante
y est spontanée. Par ces deux motifs, elle semble originaire de
1 Asie^ occidentale, entre la Palestine, l’Anatolie et le Caucase,
peut-etre aussi de la Grèce; la culture l ’aurait répandue vers
1 ouest et 1 est, depuis des temps très anciens.
Les noms vulgaires appuient ces hypothèses. En Europe, ils
oilient peu d intérêt quand ils se rapportent à la qualité de ra il.
Dans A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 826.
2. Linne, Spec, plant., p. 935.
3. Ledebour, Fl. ross., l, p. 225.
Ç Boissier, F l orient., I, p. 400.
5. Buhse, Aufzählung Trans caucasien, p. 30.
6- gooker, Fl. brit. India, I, p. J66.
o Primitiæ floræ Amurensis, p. 47.
8. Thunberg, Fl. ja p ., p. 263. ^
9 Frauchet et Savatier, Enum. plant. Jap. I, p. 39.
10. Unger, Pflanzen des alten Ægyptens, p. 51, fig. 24 et 29.
cine {Radis) ou à quelque comparaison avec la rave {Ravanello
en i t a l i e n , e n espagnol, etc.), mais les Grecs anciens avaient
créé le nom spécial de Raphanos (qui lève facilement). Le mot
italien Ramoraccio dérive du grec Armoracia, qui signifiait le
R . sativus ou quelque espèce voisine. Les modernes font transporté,
par erreur, au Cochlearia Armoracia soit Cran, dont il est
question plus loin. Les Sémites^ ont des noms tout autres {Fugla
en hébreu, F u il, fidgel, fig l, etc., en arabe). Dans l’Inde, d’après
Boxburgh fe le nom vulgaire d’une variété à racine énorme, aussi
grosse quelquefois que la jambe d ’un homme, est Moola ou Moolee
(prononcez Moula, Mouli), en sanscrit Mooluka (prononcez Mou-
louka). Enfin, pour la Gochinchine, la Ghine et le Japon, les
auteurs citent des noms variés, très différents les uns des autres.
D’après cette diversité, la culture serait très ancienne de la Grèce
au Japon; mais on ne peut rien en conclure relativement à la
patrie originelle comme plante spontanée.
A cet égard, il existe une opinion complètement différente qu’il
faut aussi examiner. Plusieurs botanistes ® soupçonnent que
le Raphanus sativus est simplement un état particulier, à grosse
racine et à fruit non articulé, du Raphanus Raphanistrum, plante
très commune dans les terrains cultivés de fEurope et de l ’Asie
tempérées et qu’on trouve aussi à l ’état spontané dans les sables
et les terrains légers du bord de la mer, par exemple à Saint-
Sébastien , en Dalmatie et à Trébizonde Les localités ordinaires
dans les champs abandonnés, et beaucoup de noms vulgaires
qui signifient radis sauvage montrent l ’affinité des deux
plantes. Je n’insisterais pas si leur identité supposée n ’était qu’une
présomption, mais elle repose sur des expériences et des observations
qu’il est important de connaître.
Dans le R . Raphanistrum la silique est articulée, c’est-à-dire
étroite de place en place, et les graines sont contenues dans
chaque article. Dans le R . sativus, la silique est continue et forme
une seule cavité intérieure. Quelques botanistes avaient constitué
sur cette différence des genres distincts, Raphanistrum et R a phanus.
Mais trois observateurs très exacts, Webb, J . Gay et
Spach, ont constaté, parmi des pieds de Raphanus sativus, venant
des mêmes graines, des siliques tantôt uniloculaires et
tantôt articulées, qui sont alors bi ou pluriloculaires Webb
ayant répété plus tard ces expériences est arrivé aux mêmes résultats,
avec un détail de plus, assez important : le radis semé de
1 . D'après mon Dictionnaire manuscrit des noms vulgaires, tiré des
flores qui existaient il y a trente ans.
2. Roxburgh, F L , ind., I l l , p. 1 2 6 .
3. Webb, Phytogr. Canar., p. 8 3 ; Iter hisp., p. 71 ; Bentham, F l. Hongkong,
p. 17 ; Hooker, F l. bint. Ind., I, p. 1 6 6 .
4. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., I II, p. 7 4 8 ; Viviani F l. dalmat.,
III, p. 1 0 4 ; Boissier, F l. orient., I, p. 4 0 1 .
5 . Webb, Phytographia canariensis, I, p. 8 3 . iJ