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 de  voyages  écrits  par  des  botanistes.  Il  y   a,  en  outre,  des  dictionnaires  
 concernant  les  noms  d’espèces  de  tel  ou  tel  pays  ou  
 d’une  langue  en particulier. Ges  sortes de recueils ne  contiennent  
 pas souvent des explications sur les étymologies ; mais, quoi qu’en  
 dise M.  Hebn  \   un  naturaliste,  pourvu  de  l ’instruction  générale  
 ordinaire,  peut  reconnaître  les  connexités  ou  les  diversités  fondamentales  
 de  certains  noms  dans  des  langues  différentes  et  ne  
 pas  confondre  les  langues modernes  avec  les  anciennes.  Il  n’est  
 pas  nécessaire  pour  cela  d’étre  initié  dans  les  subtilités  des  
 suffixes  et  des  affixes,  des  labiales  et  des  dentales.  Sans  doute  
 un  philologue  pénètre mieux  et  plus  loin  dans  les  étymologies,  
 mais  il  est  rare  que  ce  soit nécessaire pour  les recherches  sur les  
 plantes  cultivées.  D’autres  connaissances  sont  plus  utiles,  surtout  
 celles de  pure botanique,  et  elles manquent aux philologues  
 plus  que  la  linguistique  aux  naturalistes,  par  la  raison  fort  
 évidente  qu’on  donne  plus  de  place  dans  l ’instruction  générale  
 aux  langues  qu’à  l ’histoire  naturelle.  Il  me  paraît  aussi  que  les  
 linguistes,  notamment  ceux  qui  traitent  du  sanscrit,  veulent  
 beaucoup  trop  chercher  des  étymologies  à  chaque  nom.  Ils  
 ne  pensent pas  assez  à  la bêtise  humaine,  qui  a  fait  naître  dans  
 tous  les  temps  des  mots  absurdes,  sans  base  réelle,  déduits  
 d’ une  erreur  ou  d’une  idée  superstitieuse. 
 La  filiation  des  langues modernes  européennes  est  connue  de  
 tout  le monde.  Celle  des  langues  anciennes  a  été  l’objet,  depuis  
 un  demi-siècle,  de  travaux  importants.  Je  ne  puis  en  donner  ici  
 un  aperçu,  même  abrégé.  Il  suffit  de  rappeler  que  toutes  les  
 langues  européennes  actuelles  dérivent  de  la langue  des  Aryens  
 occidentaux,  venus  d’Asie,  à  l ’exception  du  basque  (dérivé  de  
 l’ibère),  du  finnois,  du  turc  et  du  hongrois,  dans  lesquels  au  
 surplus  beaucoup  de  mots  d’origine  aryenne  se  sont  introduits.  
 D’un  autre  côté,  plusieurs langues  actuelles  de  l’Inde,  Geylan  et  
 Ja v a   dérivent  du  sanscrit  des  Aryens  orientaux,  sortis  de  l’Asie  
 centrale  après  les Aryens  de  fOccident.  On  suppose,  avec  assez  
 de  vraisemblance,  que  les  premiers  Aryens  occidentaux  sont  
 arrivés en Europe  2500  ans  avant  notre  ère,  et  les Aryens  orientaux  
 dans  l ’Inde  un millier  d’années  plus  tard. 
 Le  basque  (ou  ibère),  le  guanche  des  îles  Ganaries,  dont  on  
 connaît  quelques  noms  de  plantes,  et  le  berbère  se  rattachaient  
 probablement  aux  anciennes  langues  du nord  de  l ’Afrique. 
 Les  botanistes  sont  obligés,  dans beaucoup  de  cas,  de  douter  
 des  noms  vulgaires  attribués  aux  plantes  par  les  voyageurs  les  
 historiens  et  les  philologues.  C’est  une  conséquence  des  doutes  
 qu’ils  ont  eux-mêmes  sur  la  distinction  des  espèces  et  de  la  
 difficulté  qu’ils  savent très  bien  exister  lorsqu’on  veut  s’assurer  
 du  nom  vulgaire  d’une  plante.  L'incertitude  devient  d’autant 
 » 
 1.  Hehn,  Kulturpflanzen  und  Eausthiere  in  ihren  Ueberqanq  aus  Asien,  
 in-8,  3e  édition,  1877. 
 plus  grande  qu’il  s ’agit  d’espèces  plus  faciles  à  confondre  ou  
 moins  connues du public,  ou de langues de nations peu  civilisées.  
 Il  y  a  des  degrés,  pour  ainsi  dire,  entre  les  langues,  sous  ce  
 point  de  vue,  et  les  noms  doivent  être  acceptés  plus  ou  moins  
 suivant  ces  degrés. 
 En  tête,  pour  la  certitude,  se  placent  les  langues  qui  possèdent  
 des  ouvrages  de  botanique.  On  peut  en  effet  reconnaître  
 une espèce au moyen d’une description  grecque  de Dioscoride  ou  
 de  Théophraste,  et  des  textes  latins moins  développés  de  Gaton,  
 Golumelle  ou  Pline.  Les  livres  chinois  donnent  aussi  des  descriptions. 
  Leur étude a fait l’objet d’excellents travaux du docteur  
 Bretschneider, médecin  de  la  légation  russe  à Peking,  que  je  citerai  
 fréquemment  L  
 Le  second  degré  est  celui  des  langues  qui  ont  une  littérature  
 composée  seulement  d’ouvrages  de  théologie,  de  poésie,  ou  de  
 chroniques  sur  les  rois  et  les  batailles.  Ges  sortes  d’ouvrages  
 mentionnent  çà  et  là  des  plantes,  avec  des  épithètes  ou  des  réflexions  
 sur  leur  floraison,  leur maturité,  leur  emploi,  etc.,  qui  
 permettent  de  comprendre  un  nom  et  de  le  rapporter  à  la  nomenclature  
 botanique  actuelle.  En  s’aidant  d ’ailleurs  de  notions  
 sur  la  flore  du  pays  et  des  noms  vulgaires  dans  les  langues  
 dérivées  de  l’ancienne,  on  arrive,  tant  bien  que mal,  à  fixer  le  
 sens  de  quelques  mots.  C’est  ce  qui  a  été  fait  pour  le  sanscrit  
 l ’hébreu  ^  et  l ’araméen  
 Enfin,  une  troisième  catégorie  dans  les  langues  anciennes  ne  
 peut donner  aucune  certitude, mais  seulement des  présomptions 
 1.  Bretschneider,  On  the  study  and  value  o f   chínese  botanical  works,  
 with  notes  on  the  history  o f  plants  and  geographical  botany  from  chínese  
 sources.  In-8,  51  pages  avec  figures,  Foochod,  sans  date,  mais  la  préface  
 datée  de  décembre  1870.  —  Notes  on  some  botanical  questions,  ln-8,  
 14  pages,  1880. 
 2.  Le  dictionnaire  de  Wilson  contient  des  noms  de  plantes,  mais  les  
 botanistes  se  fient  davantage  aux  noms  indiqués  par  Roxburgh  dans  son  
 Flora  indica  (éd.  de  1832,  3  vol.  in-8)  et  au  dictionnaire  spécial  de  Pid-  
 dington,  English  index  to  the  plants  o f  India,  Calcutta,  1832.  Les  érudits  
 prétendent  découvrir  un  plus  grand  nombre  de  noms  dans  les  textes,  
 mais  ils  ne  donnent  pas  assez  la  preuve  du  sens  de  ces  noms.  Généralement, 
   il manque  pour  le  sanscrit  ce  que  nous  avons  pour  l’hébreu,  le  grec  
 et  le  chinois,  la  citation,  traduite  en  langue  moderne, des  phrases  concernant  
 chaque  mot. 
 3.  Le  meilleur  ouvrage  sur  les  noms  des  plantes  de  l’Ancien  Testament  
 est  celui  de  Rosenmüller,  Handhuch  der  biblischen  Alterkunde,  in-8,  vol.  4,  
 Leipzig,  1830.  Uu bon  ouvrage,  abrégé,  en  français,  est  La  botanique  de  la  
 Bible,  par  Fred.  Hamilton,  in-8, Nice,  1871. 
 4.  Reynier,  botaniste  suisse,  qui  avait  séjourné  en  Egypte,  a  donné  
 avec  sagacité  le  sens  de  beaucoup  de  noms  de  plantes  dans  le  Talmud  
 Voir  ses  volumes  intitulés  :  Economie publique  et  rurale  des  Arabes  et  des  
 Ju ifs,  in-8,  1820,  et  Economie  publique  et  rurale  des  Egyptiens  et  des  Carthaginois, 
   in-8,  Lausanne,  1823.  Les  ouvrages  plus  récents  de  Duschak  et  
 de  Low  ne  reposent  pas  sur  la  connaissance  des  plantes  d’Orient  et  sont  
 idlisibles,  pour  les  botanistes,  à  cause  des  noms  en  lettres  syriaques,  
 hébraïques,  etc. 
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