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tent les pays tropicaux, parce qu’ils sont plus souvent limités à
1 ancien ou au nouveau monde.
La géographie botanique apprend quelles flores ont en commun
des genres et même des espèces, malgré un certain éloignement,
et quelles, au contraire, sont très différentes, malgré des analogies
de climat ou une distance assez faible. Elle fait connaître
aussi quels sont les espèces, genres et familles ayant des habitations
vastes et quels autres ont une extension ou aire moyenne
restreinte. Ces données aident beaucoup à déterminer l ’origine
probable d’une espèce. Les plantes qui se naturalisent se répandent
rapidement. J ’en ai cité jadis ^ des exemples, d’après ce qui
s est passé depuis deux siècles, et des faits semblables ont continué
d’étro observés d’année en année. On connaît la rapidité
de 1 invasion récente de VAnacharis Alsinastrum dans les eaux
douces d Europe, et celle de beaucoup de plantes européennes à
la Nouvelle-Zélande, en Australie, en Galiformie, etc., signalée
dans plusieurs flores ou voyages modernes.
L extreme abondance d’une espèce n'est pas une preuve d’ancienneté.
VAgave americana, si commun dans la région méditerranéenne,
quoique venu d’Amérique, et notre Gardon, qui
couvre maintenant d’immenses étendues des pampas de la Plata,
en sont des exemples remarquables. Le plus souvent, l’invasion
d une espèce marche rapidement, et au contraire l ’extinction est
le résultat d’une lutte de plusieurs siècles contre des circonstances
défavorables
L a désignation la plus convenable à adopter pour des espèces
ou, dans un langage plus scientifique, pour des formes voisines,
est un problème qui se présente souvent en histoire naturelle, et
dans la catégorie des espèces cultivées plus que dans les autres.
Ges plantes changent par la culture. L ’homme s ’empare des
toi mes nouvelles qui lui conviennent et les propage par des
moyens artificiels, tels que les boutures, la greffe, le choix des
graines, etc. Evidernment, pour connaître l ’origine d’une de ces
espèces, il faut éliminer le plus possible les formes qui semblent
artiticielles et concentrer son attention sur les autres. Lne réflexion
bien simple doit guider dans ce choix : c’est qu’une
espèce cultivée offre des diversités principalement dans les parties
pour lesquelles on la cultive. Les autres peuvent rester sans modifications,
ou avec des modifications légères, dont le cultiva-
teur ne tient pas compte, parce qu’elles lui sont inutiles. Il faut
donc s attendre à ce qu’un arbre fruitier primitif et sauvage ait
de petits fruits, de saveur médiocrement agréable; à ce qu’une
céréale ait de petites graines, la pomme de terre sauvage de pe-
tits tubercules, le tabac indigène des feuilles étroites, etc., etc.,
sans aller cependant jusquà s’imaginer qu’une espèce aurait pris
I. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, cDap. VII et X.
A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, chap. YIII, p. 804.
tout à coup de grands développements par l ’effet de la culture,
car l’homme n ’aurait pas commencé à la cultiver si elle n’avait
offert dès l’origine quelque chose d’utile ou agréable.
Lne fois la plante cultivée réduite à ce qui permet de la comparer
raisonnablement aux formes analogues spontanées, ii
faut savoir encore quel groupe de plantes à peu près semblables
on juge à propos de désigner comme constituant une espèce.
Sur ce point, les botanistes sont seuls compétents, parce qu’ils
ont l ’habitude d’apprécier les différences et les ressemblances, et
qu’ils n’ignorent pas la confusion de certains ouvrages en fait
de nomenclature. Ce n’est pas ici le lieu de discuter ce qu’on
peut appeler raisonnablement une espèce. On verra dans quelques
uns de mes articles les principes qui me paraissent les
meilleurs. Comme leur application exigerait souvent des observations
qui n’ont pas été faites, j ’ai pris le parti de distinguer
quelquefois des formes quasi spécifiques dans un groupe qui me
paraît être une espèce, et j ’ai cherché forigine géographique de
ces formes comme si elles étaient vraiment spécifiques.
En résumé, la botanique fournit des moyens précieux pour
deviner ou constater l’origine des plantes cultivées et pour éviter
des erreurs. 11 faut se bien persuader cependant que la combinaison
d’observations sur le terrain et dans le cabinet est nécessaire.
Après le collecteur qui voit les plantes dans une localité
ou une région et qui rédige peut-être une flore ou un catalogue
d’espèces, il est indispensable d’étudier les distributions géographiques,
connues ou probables, d’après les livres et les herbiers,
et de penser aux principes de la géographie botanique et aux questions
de classification, ce qui ne peut se faire ni en voyageant ni
en herborisant. D’autres recherches, dont je vais parler, doivent
être combinées avec celles de botanique, si l ’on veut arriver à
des conclusions satisfaisantes.
§ 3. — Archéologie et paléontologie.
La preuve la plus directe qu’on puisse imaginer de l ’existence
ancienne d ’une espèce dans un pays est d’en voir des fragments
reconnaissables dans de vieux édifices ou de vieux dépôts, d ’une
date plus ou moins certaine.
Les fruits, graines et fragments divers de plantes sortis des
tombeaux de l ’ancienne Egypte et les dessins qui les entourent
dans les pyramides, ont donné lieu àdes recherches d’une grande
importance, dont j ’aurai souvent à faire mention. Il y a pourtant
ici une chance d’erreur : l ’introduction frauduleuse de plantes
modernes dans les cercueils de momies. On l’a reconnue facilement,
quand il s’est agi, par exemple, de grains de ma'is, plante
d’origine américaine, glissés par les Arabes; mais on peut avoir
ajouté des espèces cultivées en Egypte depuis deux ou trois mille
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