PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES
trouvé de Seigle daus les débris des habitations lacustres du nord
de ce pays, de Savoie et de Suisse, même à l’époque du bronze.
M. Jetteles en a recueilli, près d’Olmutz, avec des instruments
de ce métal, et M. Heer », qui a vu les échantillons, en mentionne
d’autres, de l’époque romaine, en Suisse.
A défaut de preuves archéologiques, les langues européennes
montrent une ancienne connaissance du Seigle dans les pays
germains, celtes et slaves. Le nom principal, selon Adolphe
Pictet fe appartient aux peuples du nord de l’Europe : anglo-
saxon Ryge, R ig , Scandinave Rûgr, ancien allemand ancien
slave R u ji, R o ji, polonais illyrien Raz, etc. L ’origine
de ce nom, dit-il, doit remonter à une époque antérieure à la
séparation des Germains et des Lithiiano-Slaves. Le mot Secale
des Latins se trouve sous une forme presque semblable chez
les Bretons, S eg a l, et les Basques, Cekela, Zekhalea; mais on ne
sait pas si les Latins l’ont emprunté aux Gaulois et Ibères ou si
inversement ces derniers ont reçu le nom des Bomains. Cette
seconde hypothèse parait probable, puisque les Gaulois cisalpins
du temps de Pline se servaient d’un nom tout différent. Je vois
aussi mentionnés un nom tartare, Aresch et un nom ossète,
S y l, SU », qui font présumer une ancienne culture à l ’orient de
l ’Europe.
Ainsi les données historiques et linguistiques montrent une
origine probable des pays au nord du Danube, et une culture
qui remonte à peine au delà de Père chrétienne pour l ’empire
romain, mais plus ancienne peut-être en Russie et en Tartarie.
L ’indication du Seigle spontané telle que la donnent plusieurs
auteurs ne doit presque jamais être admise, car il est arrivé
souvent qu’on a confondu avec le Secale cereale des espèces
vivaces ou dont l’épi se brise facilement, que les botanistes modernes
ont distinguées avec raison fe Beaucoup d’erreurs qui en
provenaient ont été éliminées sur l’examen des échantillons
originaux. D’autres peuvent être soupçonnées. Ainsi je ne sais
ce qu’il faut penser des assertions de L . Ross, qui disait avoir
trouvé le Seigle sauvage dans plusieurs localités de l’Anatolie ®,
et du voyageur russe, Ssaewerzoff, qui l ’aurait vu dans le Turkestan
fe Ge dernier fait est assez probable, mais on ne dit pas
qu’un botaniste ait vérifié la plante. Kunth ® avait déjà indiqué
1. Heer, Die Pflanzen de?' Pfahlbauten, p. 16.
2 . Ad. Pictet, Origines indo-européennes, éd. 2 , vol. 1, p. 344.
3 . Nemnich, Lexicon Natw'gesch.
4 . Pictet, L e .
5 . Secale fragile, Bieherstein; S. anatolicum, Boissier; S. montanum,
Gussone; S. viliosum, Linné. J ’ai expliqué dans la Géographie botanique,
p. 936, les erreurs qui résultaient de cette confusion, lorsqu’on disait le
Seigle spontané en Sicile, en Crète et quelquefois en Russie.
6. Floi'a, bot. Zeitung, 1850, p. 520.
7 . Flora, bot. Zeitung, 1869, p. 9 3 .
8. Kunth, Enum., 1, p. 449.
AVOINE ORDINAIRE ET AVOINE D’ORIENT
« le désert entre la mer Noire et la mer Caspienne » sans dire
d ’après nuel voyageur ou quels échantillons. L herbier de M Bois-
sier ne m’a révélé aucun Secale cereale spontmié, mais b / f»
donné la persuasion qu’un voyageur doit facilement prendre
une autre espèce de Seigle pour celle-ci et que les assertions
doivent être vérifiées soigneusement. x « - ■
A défaut de preuves suffisantes pour des pieds spontanes j ai
fait valoir autrefois, dans ma Géographie botanique rcvisonnee,
un argument de quelque valeur. Le Secale c e r e ffi se seme te r s
^ . 1 • . ______ _ Honc Iag ha PTllpartie
orientale ae irturope, ou imyu t io / / u - - — -----
L c ien n e , le Seigle trouve aujourd’hui les conditions les plus favorables
pour vivre sans le secours de l ’homme. On ne peut / le r e
douter, d’après cet ensemble de faits, qu’il ne soit originaire de
la région comprise entres les Alpes d’Autriche et le nord de la
mer Caspienne. G’est d’autant plus probable que les cinq ou six
autres espèces connues du genre Secale habitent 1 Asie occidentale
tempérée ou le sud-est de l’Europe. ^
En admettant cette origine, les peuples aryens n auraient pas
connu l’espèce, comme la linguistique le montre deja; mais
dans leurs migrations vers fouest ils ont dû la rencontrer ayant
des noms divers, qu’ils auraient transportés çà et là.
A v o in e o r d in a i r e e t A v o in e d ’Or ient. — Avena saliva,
lAnué, ci Avena orientalis,'èchvehev. . ,
L ’Avoine n’était pas cultivée chez les anciens Egyptiens et
les Hébreux, mais aujourd’hui on la sème en Egypte . Elle
n’a pas de nom sanscrit, ni même dans les langues modernes
de ITnde. Ge sont les Anglais qui la sèment quelquetois clans
ce pays, pour en nourrir leurs chevaux ». La plus ancienne mention
de l’Avoine en Ghine est dans un ouvrage historique sur
les années 618 à 907 de l ’ère chrétienne; elle s’applique a la
variété appelée par les botanistes Avena 'sativa nuda © Les anciens
Grecs connaissaient bien le genre Avoine, qu ils appelaient
Bromos ®, comme les Latins l ’appelaient Avena; mais ces
noms s’appliquaient ordinairement aux espèces qu on ne cultive
pas et qui sont de mauvaises herbes mélangées avre les cereales.
Bien ne prouve qu’ils aient cultivé l’Avoine ordinaire. La re-
1 Sadler F l pesth., 1 , p. 8 0 ; Host, F L austr., 1, p. 1 7 7 ; Baumgarten,
F L 'transylv., 3 , p. 2 2 5 ; Neilreich, F L Wien,p. 5 8 ; Visiaui, F L dalmat, 1, p. 97 ,
^ à r o b f r r V u cependant autour de l’E tna, dans les bois, par
J i e àe nSrodu^^^^^ daSs la culture au xviii® siècle. [OEster. bot. zed.
’ schweinfurth et Ascherson, Beiträge zur Flora Æthiopiens, p. 2 9 8 .
4 . R o y l e , //Z., p. 419. ^
5 . Bretschneider, On study, eZe., p. 18, 4 4 .
6 Fraas, Synopsis fl. class., p. 3 0 3 ; Lenz, Botanik der Alten, p. 243.
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