Europe par les Ibères ou les Ligures, ont créé des noms ou se
sont servis de ceux des peuples plus anciens dans le pays.
Les philologues ont rattaché le Krambai des Grecs au nom
persan Karamb, Karam, Kalam, Lourde Kalam, arménien Ga-
ghamb fe d ’autres à une racine de la langue mère supposée des
Aryens, mais ils ne s ’accordent pas sur les détails. Selon Fick fe
Karambha, dans la langue primitive indo-germanique, signifie
« Gemüsepflanze (légume), Kohi (chou), Karambha voulant dire
tige, comme caulis. » Il ajoute que Karambha en sanscrit est le
nom de deux légumes. Les auteurs anglo-indiens ne citent pas
ce nom prétendu sanscrit, mais seulement un nom des langues
modernes de l ’Inde, Kopee fe Ad. Pictet, de son côté, parle du
mot sanscrit Kalamba, « tige de légume, appliqué au chou. »
J ’ai beaucoup de peine, je l ’avoue, à admettre ces étymologies
orientales du mot gréco-latin Crambe. Le sens du mot sanscrit
est très douteux (si le mot existe), et, quant au mot persan, il
faudrait savoir s’il est ancien. J ’en doute, car, si le chou avait
existé dans l ’ancienne Perse, les Hébreux l ’auraient connu
Par tous ces motifs, l ’espèce me paraît originaire d’Europe.
La date de sa culture est probablement très ancienne, antérieure
aux invasions aryennes, mais on a commencé sans doute
par récolter la plante sauvage avant de la cultiver.
Cresson alénois. — L e p i d i u m s a t i v u m , Linné.
Cette petite Crucifère, usitée aujourd’hui comme salade, était
recherchée dans les temps anciens pour certaines propriétés des
graines. Quelques auteurs- pensent qu’elle répond un Car-
damon de Dioscoride ; tandis que d’autres appliquent ce nom à
YErucaria aleppica fe En l’absence de description suffisante, le
nom vulgaire actuel étant Cardamon la première des deux
suppositions est vraisemblable.
La culture de l’espèce doit remonter à des temps anciens et
s’être beaucoup répandue, car il existe des noms très différents:
en arabe Reschad, en persan Turehtezuk en albanais, langue
dérivée des Pelasges, Diéges fe sans parler de noms tirés de l’analogie
de goût avec le cresson {Nasturtium officinale). H y a des
noms très distincts en hindoustani et bengali, mais on n’en connaît
pas en sanscrit fe
Aujourd’hui, la plante est cultivée en Europe, dans l’Afrique
1. Ad. Pictet. l. c.
2. Fick, Vorterb. d. indo-germ. Sprachen, p. 34.
3. Piddington, Index ; Ainslies, Mat. méd. ind.
4. Rosenmüller, Bibl. Alterk., ne cite aucun nom.
/ Vmr Fraas Syn. fl. class., p. 120, 124; Lenz, Bot. d. Alten, p. 617.
6. bibtnorp, Prodr. fl. graec., 2, p. 6; Heldreicb, Nutzpfl. Griechenl., p. 47.
7. Ainslies, Mat. méd. ind., 1, p. 95.
8. Heldreicb, l. c.
9. Piddington, Index; Ainslies, l. c.
LÉGUMES. CRESSON. POURPIER 69
septentrionale, l’Asie occidentale, l ’Inde et ailleurs; mais, d’où
est-elle originaire ? C’est assez obscur.
Je possède plusieurs échantillons recueillis dans l ’Inde, où sir
J . Hooker‘ ne regarde pas l ’espèce comme indigène. Kotschy l’a
rapportée de l’île Karek ou K a r r a k , du golfe Persique. L ’étiquette
ne dit pas que ce fût une plante cultivée. M. Boissier ^ en
parle, sans ajouter aucune réflexion, et il mentionne ensuite des
échantillons dHspahan et d’Egypte recueillis dans les cultures.
Olivier est cité pour avoir vu le Cresson alénois en Perse, mais
on ne dit pas si c’était à l’état vraiment spontané®. On répète
dans les livres que Sibthorp l’a trouvé dans l ’île de Chypre, et,
quand on remonte à son ouvrage, on voit que c ’était dans les
champs Poech ne l’a pas mentionné à Chypre Unger et
et Kotschy ® ne le disent pas spontané dans cette île. D’après
Ledebour fe Koch l ’a trouvé autour du couvent du Mont Ararat,
Pallas près de Sarepta, Falk au bord de l ’Oka, affluent du Volga;
enfin H. Martius l ’a cité dans sa flore de Moscou; mais on n’a
pas de preuves de la spontanéité dans ces diverses localités.
Lindemann fe en 1860, ne comptait pas l ’espèce parmi celles
de
cultivée
sauvage
Hongrie ne citent pa® f .:.spèce, ou la disent cultivée ou croissant
dans les terrains cultivés.
Je suis porté à croire, d’après l’ensemble de ces données plus
ou moins douteuses, que la plante est originaire de Perse, d’où
elle a pu se répandre, après l ’époque du sanscrit, dans les ja r dins
de rinde, de la Syrie, de la Grèce, de l’Egypte et jusqu’en
Abyssinie ‘ fe
P o u r p i e r . — Portidaca olerácea, Linné.
Le pourpier est une des plantes potagères les plus répandues
dans l’ancien monde , depuis des temps très reculés. On Fa
transportée en Amérique, où elle se naturalise, comme en
Europe, dans les jardins, les décombres, au bord des chemins,
etc. C’est un légume plus ou moins usité, une plante officinale
et en même temps une excellente nourriture pour les
porcs.
1. Hooker, Fl. brit. India, 1, p. 160.
2. Boissier. Fl. orient., vol. 1. -
3. De Candolle, Syst., 2, p. 533.
4. Sibthorp et Smith, Prodr. fl. græcæ, 2, p. 6.
5. Poech,L, Enum.Enum.. pi
plant. Cypri, 1842.
6. Unger et Kotschy, Inseln Cypern, p. 331
7. Ledebonr, F. ross., 1, p. 203.
8. Lindemann, Index plant, in Boss., Bull. Soc. nat. Mosc., 1860, vol. 33.
9. Lindemann, Prodr. fl. Cherson, p. 21.
10. Nyman, Conspectus fl. europ., 1878, p. 65.
11. Schweinfurth, Beitr. fl. Æth., p. 270.
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