de suite, des variétés de Maïs, dans des terrains non cultivés,
montreraient peut-être un retour à quelque forme commune,
qu’on pourrait alors considérer comme la souche. Rien de pareil
n’a été fait. On a seulement observé que les variétés sont peu
stables, malgré leur grande diversité.
Quant à l’habitation de la forme primitive inconnue, voici les
raisonnements qui peuvent la faire entrevoir jusqu’à un certain
point.
Les populations agglomérées n’ont pu se former que dans les
pays où se trouvaient naturellement des 'espèces nutritives
faciles à cultiver. La pomme de terre, la batate et le maïs ont
joué sans doute ce rôle en Amérique, et les grandes populations
de cette partie du monde s’étant montrées d’abord dans les
régions situées à une certaine élévation, du Chili au Mexique,
c’est là probablement que se trouvait le Maïs sauvage. Il ne
faut pas chercher dans les régions basses, telles que le Paraguay,
les bords du fleuve des Amazones, ou les terres chaudes de la
Guyane, de Panama et du Mexique, puisque leurs habitants
étaient jadis moins nombreux. D’ailleurs les forêts ne sont nullement
favorables aux plantes annuelles, et le Maïs ne prospère
que médiocrement dans les contrées chaudes et humides où l’on
cultive le Manioc ».
D’un autre côté, sa transmission, de proche en proche, est plus
facile à comprendre si le point de départ est supposé au centre
que si on le place à l ’une des extrémités de l’étendue dans laquelle
on cultivait l ’espèce du temps des Incas et des Toltecs, ou plutôt
des Mayas, Nahuas et Ghibchasqui les ont précédés. Les migrations
des peuples n’ont pas marché régulièrement du nord au
midi ou du midi au nord. On sait qu’il y en a eu dans des sens
divers, selon les époques et les pays fe Les anciens Péruviens
avaient à peine connaissance des Mexicains et vice versa, comme
le prouvent leurs croyances et des usages extrêmement différents.
Pour qu’ils aient cultivé de bonne heure, les uns et les
autres, le Maïs, il faut supposer un point de départ intermédiaire
ou à peu près. J ’imagine que la Nouvelle-Grenade répond
assez bien à ces conditions. Le peuple appelé Ghibcha, qui occupait
le plateau de Bogota lors de la conquête par les Espagnols
et se regardait comme autochtone, était cultivateur. Il jouissait
d’un certain degré de civilisation, attesté par des monuments
que l ’on commence à explorer. G’est peut-être lui qui possédait
le Maïs et en avait commencé la culture. Il touchait d’un côté
aux Péruviens, encore peu civilisés, et de l ’autre aux Mayas, qui
1 . Sagot, Culture des céréales de la Guyane française [Journal de la Soc.
centr. d'hortic. de Finance, 1872, p. 94).
2 . M. de Nadaillac, dans son ouvrage intitulé Les premiers hommes et
les temps préhistoriques, donne un abrégé dn peu que l’on sait aujourd’hui
sur ces migrations et en général sur les anciens peuples d’Amérique. Voir
en particulier le vol. 2 , chap. 9 .
occupaient l’Amérique centrale et le Yucatan. Geux-ci e u r / t
souvent des conflits du côté du nord avec les Nahuas, prédécesseurs
au Mexique des Toltecs et des Aztecs. Une tradition
porte que Nahualt, chef des Nahuas, enseignait la culture du
lÆAis ^ •
Je n’ose pas espérer qii’on découvre du Maïs sauvage, quoi-
aiie son habitation préculturale fût probablement si petRe que
les botanistes ne l ’ont peut-être pas encore rencontrée. L espece
est tellement distincte de toutes les autres et si apparente que
les indigènes ou des colons peu instruits l ’auraient remarquée et
en auraient parlé. L a certitude sur Forigine viendra plutôt de
découvertes archéologiques. Si Fon étudie un plus grand nombre
d’anciens monuments dans toutes les parties de F Amérique, si
l ’on parvient à déchiffrer les inscriptions hiéroglyphiques de
aiielques-uns d’entre eux, et si Fon arrive à connaître les dates
des migrations et des faits économiques, notre hypothèse sera
justifiée, modifiée ou renversée.
A r t i c l e 2 . — G r a i n e s s e r v a n t à d i v e r s n s a g e s .
Pavot. — P a p a v e r s o m n i f e r u m , l À n n é .
On cultive le Pavot ordinairement pour Ihiule, dite Am/e
d oeillette, produite par les graines, et quelquefois, surtout en
Asie, pour le suc, qu'on extrait en incisant les capsules et qui
fournit l ’opium. _ ^
La forme cultivée depuis des siècles s échappé facilement hors
des cultures, ou se naturalise à peu près dans certaines lo c /R e s
du midi de FEurope fe On ne peut pas dire qu elle exrée a i ette
vraiment sauvage, mais les botanistes s’accordent à la con/-
dérer comme une modification du Pavot appelé P a p / e r setiqerum,
qui est spontané dans la région de la mer MedRerranee,
notamment en Espagne, en Alg é r i/ en G o r s e , e n Sicile, en
Grèce et dans f ile de Ghypre. On ne l ’a pas rencontre dans 1 Asie
orientale ® ; par conséquent, si c’ est bien ! o r i/n e de la lorme
cultivée, la culture doit avoir commencé en Europe ou dans
l’Afrique septentrionale. + ,
A Fappui de cette réflextion, il se trouve que les lacustres de
l ’âge de pierre, en Suisse, cultivaient un Pavot qui se rapproche
plus du P. setiqerum que du somniferum. M. Heer n a pre pu
découvrir ses feuilles, mais la capsule est surmontée de huit stig-
1. Ue Nadaillac, 2 , p. 69, qui cite l ’ouvrage classique de Bancroft, The
native races o f the Pacific states. o ^ «79
I . T c h i h a t c h e f f , L e d e b o u r , F l. rossica,
4 . Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. 3 2 , fig. 65, 66.
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