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uns étaient des botanistes, tels que Belon et Bauwolf, qui ont
parcouru l ’empire turc et la Perse, observant les coutumes avec
beaucoup d’attention, et qui n’ont pas mentionné une seule fois
le Tabac. Evidemment il s’est introduit en Turquie au commencement
du XVII« siècle, et les Persans l’ont reçu très vite par les
Turcs. Le premier Européen qui ait dit avoir vu fumer en Perse
€st Thomas Herbert, en 1626. Aucun des voyageurs suivants n’a
oublié de mentionner l’usage du narguilé comme bien établi.
■Olearius décrit cet appareil, qu’il avait vu en 1633. La première
mention du Tabac dans l’Inde est de 1605 fe et il est probable
que l ’introduction en est venue par les Européens. Elle commençait
à Arracan et au Pégu en 1619, d’après le voyageur
Methold fe II s’est élevé quelques doutes à l’é g p d de Ja v a , parce
que Bumphius, observateur très e x a c t , qui écrivait dans la
seconde moitié du xvii« siècle, a dit ® que, selon la tradition
de quelques vieillards, le tabac é / i t employé comme médicament
avant Parrivée des Portugais en 1496, et que l’usage de
fumer avait seul été communiqué par les Européens. Bum-
phius ajoute, il est vrai, que le nom Tabaco ou Tambuco, répandu
dans toutes les localités, est d’origine étrangère. Sir
Stamford Baffles fe à la suite de nombreuses recherches historiques
sur Ja v a , donne au contraire l’année 1601 pour la date
de l ’introduction dn tabac à Ja v a . Les Portugais avaient bien
découvert les côtes du Brésil de 1500 à 1504; mais Yasco de
■Gama et ses successeurs allaient en Asie par le Gap ou la mer
Rouge, de sorte qu’ils ne devaient guère établir des communications
fréquentes ou directes entre l’Amérique et Ja v a . Nicot avait
vu la plante en Portugal en 1560 ; ainsi les Portugais Pont portée
©n Asie probablement dans la seconde moitié du xvi« siècle.
Thunberg affirme ^ que l’usage du Tabac a été introduit au
Japon par les Portugais, et, d’après d’anciens voyageurs que cite
Tiedemann, c’était au commencement du xvii® siècle. Enfin les
■Chinois n ’ont aucun signe original et ancien pour indiquer le
Tabac; leurs dessins sur porcelaines, dans la collection de
ÎDresde, montrent fréquemment depuis l’année 1700 et jamais
auparavant des détails relatifs au Tabac fe enfin les sinologues
s ’accordent à dire que les ouvrages chinois ne mentionnent pas
cette plante avant la fin du xvi« siècle fe Si Pon fait attention à
la rapidité avec laquelle l’usage du tâbac s’est répandu partout
où il a été introduit, ces renseignements sur l’Asie ont une force
incontestable.
1 . D’après un auteur anonyme indien, cité par Tiedemann, p. 229.
2 . Tiedemann, p. 234.
3. Rumphius, Herb. Amboin., 5, p . 225.
4. Rafües, Description of Java, p. 85.
5. Thunberg, Flora japónica, p. 91.
6. Klemm, cité dans f ied em a n n , p. 256.
7. Stanislas Julien, dans de Candolle, Géographie bot. rais., p. 851; Bretschne
ide r , Study and value of Chinese botanical works, p . 17.
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G. Les noms vulgaires du Tabac confirment une origine américaine.
S ’il y avait eu des espèces indigènes dans l ’ancien monde,
il existerait une infinité de noms différents; mais au contraire
les noms chinois, japonais, javanais, indiens, persans, etc.,
dérivent des noms américains Pe/wm, ou Tabak, Tabok, Tamboc,
légèrement modifiés. Piddington, il est vrai, cite des noms
sanscrits, Dhumrapatra et Tamrakouta ‘ ; mais je tiens d ’Adolphe
Pictet que le premier de ces noms, qui n’est pas dans le dictionnaire
de Wilson, signifie feuille à fumer et paraît d’une composition
moderne, tandis que le second n’est probablement pas
plus ancien et semble quelque modification moderne des noms
américains. Le mot arabe Docchan veut dire simplement fumée fe
Enfin nous devons chercher ce que signifient deux Nicotiana
qu’on prétend asiatiques. L ’une, appelée par Ijohmami Nicotiana
'chincnsis, venait du botaniste russe Fischer, qui la disait de
Chine. Lehmann l ’avait vue dans un jardin; or on sait à quel
point les origines des plantes cultivées par les horticulteurs sont
fréquemment erronées, et d’ailleurs, d’après la description, il
semble que c’était simplement le N. Tabacum, dont on avait
reçu des graines, peut-être de Ghine fe La seconde espèce est le
N. persica, de Lindley, figurée sans le Botanical register (pl. 1592),
dont les graines avaient été envoyées d’Ispahan à la Société
d’horticulture de Londres comme celles du meilleur Tabac
cultivé en Perse, celui de Schiraz. Lindley ne s ’est pas aperçu
que c’était exactement le N. alata, figuré trois ans auparavant
par Link et Otto d’après une plante du jardin de Berlin.
Ceile-ci venait de graines du Brésil méridional, envoyées par
Sello. G’est une espèce certainement brésilienne, à corolle
blanche, fort allongée, voisine du N. suaveolens de la Nouvelle-
Hollande. Ainsi le Tabac cultivé quelquefois en Perse, concurremment
avec l ’ordinaire et qu’on a dit supérieur pour le
parfum, est d’origine américaine, comme je l ’avais prévu dans
ma Géographie botanique en 1855. Je ne m’explique pas comment
cette espèce a été introduite en Perse. Ce doit être par des
graines tirées d’un jardin ou venues, par hasard, d’Amérique,
et il n’est pas probable que la culture en soit habituelle en Perse,
car Olivier et Bruguière, ainsi que d’autres naturalistes qui ont
vu les cultures de Tabac dans ce pays, rien font aucune mention.
Pa r tous ces motifs, il n’existe point d ’espèce de Tabac
1. Piddington, Index.
2. Forskal, p. 63.
3. Lehmann, Historia Nicotinarum, p. 18. L’expression de suffruticosa
est une exagération appliquée aux Tabacs, qui sont toujours annuels. J'ai
■déjà dit que le N. suffruticosa des auteurs est le N. Tabacum.
4. Link et Otto, Icones plant, rar. horti ber., in-4, p. 63, t. 32. Sen-
■dtner, dans Flora brasil., v o l. 10, p. 167, décrit la même plante de Sello,
à ce qu’il semble, d’après des échantillons envoyé s par ce voyageur,
et Grisebach, Symèo/æ fl. argent., p. 243, men tionne le N. alata dans la
province d’Entrerios de la république Argentine.
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