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rouge avec le suc tiré des feuilles du Henné remonte à une
grande antiquité. La preuve en est dans les anciennes peintures
et momies égyptiennes.
H e / difficile de savoir quand et dans quel pays on a commencé
à cultiver l ’espèce pour subvenir aux nécessités de cette
mode aussi ridicule que persistante, mais cela peut remonter à
une époque très ancienne, puisque les habitants de Babylone
de Ninive et des villes d’Egypte avaient des jardins. Les érudità
pourront constater si l'usage de teindre les ongles a commencé
en Egypte sous telle ou telle dynastie, avant ou après certaines
communications avec les peuples orientaux. H suffit, pour notre
b u t , de savoir que le Laivsonia, arbuste de la famille des
Lythracées, est plus ou moins spontané dans les régions chaudes
de l’Asie occidentale et de l ’Afrique, au nord de l ’équateur.
J ’en possède des échantillons venant de f ln d e , de Ja v a de
Timor, même de Chine ’ et de Nubie, qu’on ne dit pas recueillis
sur des pieds cultivés, et d’antres échantillons de la Guyane
et des Antilles, qui proviennent sans doute d’importations de
fespèce. Stoks l ’a trouvé indigène dans le Belouchistan fe Roxburgh
le regardait aussi comme spontané sur la côte de Coromandel
fe et Thwaites l ’indique pour Geylan d’une manière
qui fait supposer une espèce spontanée. M. Glarke ® la dit « très
commune et cultivée dans 1 Inde , peut-être sauvage dans la
partie orientale ». H est possible qu’elle se soit répandue dans
1 Inde, hors de la patrie primitive, comme cela est arrivé
au XVII® siècle à Amboine ® et plus récemment peut-être aux
Antilles , à la suite de cultures, car la plante est recherchée
pour le parfum de ses Heurs, outre la teinture, et se propage
beaucoup par ses graines. Les mêmes doutes s’élèvent sur l ’in-
digenat en Perse, en Arabie, en Egypte (pays essentiellement
cultive), en Nubie / jusqu en Guinée, où des échantillons ont
ete recueillis fe II n est pas fort improbable que l ’bnbitation de
cet arbuste s’étendît de l’Inde à la Nubie ; cependant c ’est toujours
un cas assez rare qu’une telle distribution géographique
Voyons si les noms vulgaires indiquent quelque chose.
On attribue à l ’espèce un nom sanscrit, Sakachera ^ ; mais
comme il n’a laissé aucune trace dans les divers noms des langues
modernes de flnde , je doute un peu de sa réalité. Le nom
persan Hanna s’est répandu et conservé plus que les autres
{Hma des Indous, Henneh et Alhenna des Arabes, Kimia des
1. Fortune, n “ 32.
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fe Thwaites, Enum. Cexjl., p. 122.
5. Clarkc, dans Hooker, Fl. brit. India, 2, p . 573
6. Rumphius, Amb., 4, p. 42.
7. Grisehach, Fl. brit. W. Ind., Ì, p . 271.
8. Oliver, FL of trop. Africa, ^ p . 483.
9. Piddington, Index lo plants of India.
Grecs modernes). Celui de Cypros, usité parles Syriens du temps
de Dioscoride fe n’a pas eu la même faveur. Ce détail vient à
l’appui de l ’opinion que l ’espèce était originairement sur les
confins de la Perse et de l ’Inde, ou en Perse, et que l ’usage,
ainsi que la culture, ont avancé jadis de l ’est à l’ouest, d’Asie
en Afrique.
Tabac. — Nicotiana Tabacum, Linné, et autres Nicotiana.
A l’époque de la découverte de l ’Amérique, fusage de fumer,
de priser ou chiquer était répandu dans la plus grande partie
de ce vaste continent. Les récits des premiers voyageurs, recueillis
d’une manière très complète par le célèbre anatomiste
Tiedemann fe montrent que dans fAmérique méridionale on ne
fumait pas, mais on prisait ou chiquait, excepté dans la région
de la Plata, de fUruguay et du Paraguay, où le Thbac n’était
employé d’aucune manière. Dans l ’Amérique du Nord, depuis
l ’isthme de Panama et les Antilles jusqu’au Canada et en Californie,
l ’usage de fumer était général, avec des circonstances qui
indiquent une grande ancienneté. Ainsi on a trouvé des pipes
dans les tombeaux des Atztecs au Mexique ® et dans les tertres
[mounds) des Etats-Unis. Elles y sont en grand nombre et d’un
travail extraordinaire. Quelques-unes représentent des animaux
étrangers à l ’Amérique du Nord fe
Gomme les Tabacs sont des plantes annuelles, qui donnent
une immense quantité de graines, il était aisé de les semer et
de les cultiver ou de les naturaliser plus ou moins dans le voisinage
des habitations, mais il faut remarquer qu’on employait
des espèces différentes du genre Nicotiana, dans diverses régions
de l ’Amérique, ce qui indique des origines différentes.
Le Nicotiana Tabacum, ordinairement cultivé, était l’espèce
la plus répandue et quelquefois la seule usitée dans l’Amérique
méridionale et aux Antilles. Ce sont les Espanols qui ont introduit
fusage du tabac dans la Plata, l ’Uruguay et le Paraguay
par conséquent il faut chercher l ’orgine de la plante plus au
nord. De Martius ne pensait pas quelle fût indigène au Brésil fe
et il ajoute que les anciens Brésiliens fumaient les feuilles d ’une
espèce de leur pays appelée par les botanistes Nicotiana Lang-
sdorffii. Lorsque j ’ai examiné la question d’origine en 1855
1. Dioscorides, 1, cap. 124; Lenz, Bot. d. Alterk., p. 177.
2. Tiedemann, Geschichte des Tabacks in-8", 1854. Pour le Brésil, v o i r
Martius, Beiträge zur Filmographie und Sprachkunde Amerikas, i, p. 719.
3. Tiedemann, p. 17, pl. 1.
4. Les dessins de ces pipes sont reproduits dans l ’ouvrage r écent do
M. de Nadaillac, Les premiers hommes et les temps préhistoriques, vol. 2,
p. 45 et 48.
5. Tiedemann, p. 38, 39.
6. Martius, Syst. mat. med. bi'as., p. 120; Fl. bras., vol. X, p. 191.
7. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 849.