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s’arrête, comme l ’Olivier, au pied du Gaucase et des montagnes
de l ’Europe qui bordent le bassin de la mer Méditerranée, mais
il se montre à l ’état presque spontané, sur la côte sud-ouest de
la France, grâce à la douceur des hivers ».
Yoyons si les documents historiques et linguistiques font présumer
dans l’antiquité une habitation moins vaste.
Les anciens Egyptiens appelaient la figue Teh et les plus
anciens livres des Hébreux parlent du Figuier, soit sauvage, soit
cultivé, sous le nom de Teenah ®, qui a laissé sa trace dans
l’arabe Tin ». Le nom persan est tout autre, U n jir ; mais je ne
sais s’il remonte au zend. Piddington mentionne, dans son
Index, un nom sanscrit, Udumvara, que Roxburgh, très soigneux
dans ces sortes de questions, n ’indique pas, et qui n’aurait
laissé aucune trace dans les langues modernes de l ’Inde, à en
juger d’après quatre noms cités par ces auteurs. L ’ancienneté
d’existence â forient de la Perse me semble un peu douteuse
jusqu’à ce que le nom attribué au sanscrit ait été vérifié. Les
Ghinois ont reçu le Figuier de Perse, mais seulement au huitième
siècle de notre ère Hérodote ® dit que les Perses ne manquaient
pas de figues, et Reynier, qui a fait des recherches
scrupuleuses sur les usages de cet ancien peuple, ne mentionne
pas le Figuier. Gela prouve seulement que l’espèce n ’était pas
utilisée et cultivée, mais elle existait peut-être à l’état sauvage.
Les Grecs appelaient le Figuier sauvage Erineos et les Latins
Caprificus. Homère mentionne dans VIliade un pied de cet arbre
qui existait près de Troie fe M. Hehn affirme ® que le Figuier
cultivé ne peut pas être venu du Figuier sauvage, mais tous les
botanistes sont d’une opinion contraire et, sans parler des détails
floraux sur lesquels ils s’appuyent, je dirai que Gussone a
obtenu des mêmes graines des pieds de la forme Caprificus et
1. M. le comte de Solms-Laubacli, dans une savante dissertation [Herkunft,
Domestication, etc., des Feigenbaums, in-4, 1882), a constaté sur
favorise la fécondation d’une fleur à l’autre dans l’intérieur du fruit. On
assure cependant que la fécondation s’opère quelquefois sans le secours
de l’insecte.
2. Chabas, Mélanges egyptol., série 3 (1873), vol. 2, p. 92.
3. Rosenmüller, Bibl. Alterthumskunde, 1, p. 283 ; Reynier,
Economie pusauvage
blique des Arabes et des Ju ifs , p. 470 (pour la Miclma)."
4. Forskal, Fl. ægypto-arab., p. 123. M. de Lagarde [Bevue crit. d’hist.,
27 février 1882) dit que ce nom sémite est très ancien.
5. Bretschneider, dans Solms, t. c., p. 51.
6. Hérodote, 1, 71.
7. Lenz, Botanik der Griechen, p. 421, cite quatre vers d’Homère. Voir
aussi Hehn, Culturpflanzen, ed. 3, p. 84.
8. Hehn, Culturpflanzen, ed. 3, p, 513.
9. Il ne faut pas s’attacher aux divisions exagérées faites par Gasparini
dans le Ficus Carica, Linné. Les botanistes qui ont étudié le Figuier après
lui conservent une seule espèce et énumèrent dans le Figuier sauvage
plusieurs variétés. Elles sont innombrables pour les formes cultivées.
de l’autre ». La remarque faite par plusieurs érudits qu’il n’est pas
question dans XIliade de la figue cultivée, Sukai, ne prouve donc
p a s f a b s e n c e du Figuier en Grèce à Fépoque de la guerre de Troie.
C’est dans VOdyssée que la figue douce est mentionnée par
Homère, et encore d’une manière assez vague. Hésiode, dit
M. Hehn n’en parle pas, et Archilochus (700 ans avant
3.-G.) est le premier qui en ait mentionné clairement la culture
chez les Grecs, à Paros. D’après cela, l ’espèce existait à 1/ a t
sauvage en Grèce, au moins dans fArchipel, avant 1 introduction
de variétés cultivées originaires d’Asie. Théophraste et
Dioscoride mentionnent des Figuiers sauvages et cultives fe
Remus et Romulus, selon la tradition, auraient été nourris
sous un pied de Ficus qu’on appelait ruminalis, de rumen, mamelle
®. Le nom latin Ficus, que M. Hehn, par un effort d erudition,
fait venir du grec Sukai », fait aussi présumer une existence
ancienne en Italie, et fopinion de Pline est positive à cet égard.
Les bonnes variétés cultivées ont été introduites plus tard chez
les Romains. Elles venaient de Grèce, de fAsie Mineure et de
Syrie. Du temps de Tibère, comme aujourd’ hui, les meilleures
figues venaient de l ’Orient.
Nous avons appris au collège comment Gaton avait exhibe en
plein sénat des figues de Garthage encore fraîches comme
preuve de la proximité du pays qu’il détestait Les Phéniciens
avaient dû transporter de bonnes variétés sur la côte d Atrique
et dans les autres colonies de la mer Méditerranée, meme ju s qu’aux
îles Ganaries, mais le Figuier sauvage peut avoir existe
antérieurement dans ces pays.
Pour les Ganaries, nous en avons une preuve par des noms
©uanches, Arahormaze et Achormaze, figues vertes, ffih a rem e -
nen et Tehahunemen, figues sèches. L e s_ savants W / b et Rerthelot
fe qui ont cité ces noms et qui avaient admis 1 umte d origine
des Guanches et des Berbères, auraient vu avec p la i/ r / e z
les Touaregs, peuples berbères, le mot Tahart pour Figuier fe et
dans le dictionnaire français-berbère, publié depuis eux, les noms
A 1 _ I n n ^ ^ ^ J. -..-V 1 f A'k r v n i r k T * I .ÛCÎ x n o i i ' v
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que jusqu’aux Ganaries. , , ^ i u:
Le résultat de notre enquête est donc de donner pour habi-
1. Gussone, Enum. plant. Inarimensium, p. 301.
i". Poiir l’ensemble de l’histoire du Figuier et de l’opération, d une utilité
douteuse, qui consiste à répandre des Capnffius a insectes / r m i les pied
cultivés (caprification), voir la dissertation de M. le comte de Solms.
3. Pline, Hist., 1. 15, c. 18.
3’. Web£et^Bertlmlot, t. c., Ethnographie, p. 186, 187; Phytographie,
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’ 6 D’après Duveyrier, Les Touaregs du nord, p. 193.
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